ARTE RADIO ET SILENCE RADIO : DE LA CREATIVITE SUR LE WEB AU SECOURS DU SECTEUR RADIOPHONIQUE

La radiophonie connaît depuis peu quelques bouleversements. Le développement des moyens techniques et l’impact grandissant d’Internet dans nos sociétés n’ont pas échappé au secteur, qui commençait à s’essouffler. Dès lors, on a vu apparaître de nouvelles façons d’atteindre toujours plus d’auditeurs. Du point de vue technique, le podcast par exemple, récemment lancé par Apple, permet de télécharger des émissions de radios peu de temps après la diffusion initiale sur les ondes. Du point de vue du contenu, les webradios (radio diffusant exclusivement sur Internet) sont venues briser le classicisme entendu des radios « traditionnelles », et se revendiquent aujourd’hui d’une autre démarche créative, voire artistique. Arte Radio, créée en 2002 à l’initiative du président d’Arte, et Silence Radio, créée en 2005 par l’Association de création sonore radiophonique, en sont aujourd’hui de dignes représentantes. Toutes deux à la recherche d’un son brut et non standardisé, elles exploitent, selon Etienne Noizeau de Silence Radio, le nouveau type d’écoute que permet Internet : une écoute sélectionnée qui aboutit à la création de la radio de son choix. Même si elles utilisent des formats déjà existant (reportages, témoignages, fictions et chroniques), la manière de traiter l’évènement est unique, et répond à une démarche intime et personnelle de l’équipe journalistique, qui n’entend que suggérer le point de vue, et non l’affirmer, voire l’enfermer dans un strict carcan, comme cela peut se faire dans les médias traditionnels. La critique est explicite, et le palliatif résulte de la recherche d’une écoute décalée et d’une originalité catégorique. Cette prospection passe, entre autre, par une démarche créative, une volonté certaine de vouloir produire et écouter autre chose. La technologie et la nature même du web sont alors salvatrices, car autorisent la folie de prendre son temps… Le salut futur de la radiophonie se résumerait-il donc à ces trois lettres ?

Source : Le Monde télévision 20 septembre 2005.

Coraline ALAN