L’apparition des téléphones portables 3G haut débit semble en passe de modifier sensiblement notre conception de la télévision, de la production à la distribution des contenus audiovisuels traditionnels. Les professionnels du secteur semblent pris d’ un engouement certain pour ce nouveau mode de diffusion, la « conquête du mobispectateur » se dessine aux quatre coins du globe. L’amélioration des performances en matière de miniaturisation des écrans et de la numérisation des télécommunications permettent en effet depuis peu de regarder des émissions de télévision sur son téléphone portable, diffuseurs dits traditionnels et géants de la téléphonie mobile tels Vodafone tendent à se rapprocher vers une collaboration étroite impliquant une remise en question voire une redéfinition des modes traditionnels de production, distribution et de consommation de la télévision.
Les producteurs ont ainsi cerner un marché en expansion restant conscients des limites de ce média complémentaire ; les offres 3G regroupent ainsi des programmes pensés pour le téléphone mobile tant au niveau de leur format que de leur rendu à l’écran. La mise en scène doit donc s’adapter avec notamment le recours à de nombreux gros plans et l’absence de scènes rapides pour permettre au mobispectateur de distinguer au possible les acteurs et l’action. La 20th Century Fox créée depuis ses propres mobisodes (mobile-episode), productions spécifiques répondant aux besoins d’adaptation en matière de définition et dont la durée serait compatible avec l’usage des téléphones mobiles, les formats de programmation retenus se déclinent de fait sous formes d’extraits d’événements sportifs, de clips, de magazines courts et de mini-films.
Au delà de la question des contenus diffusables, c’est toute l’industrie télévisuelle qui doit s’attendre à de profonds bouleversements, en matière de distribution les diffuseurs classiques ( hertzien, câble et satellite) doivent anticiper l’apparition des concurrents potentiels que sont les compagnies de télécommunication. D’autre part la publicité risque de prendre de nouvelles formes pour répondre à ce nouveau mode de consommation de la télévision, vers le placement de produits et le sponsoring des émissions pour attirer les annonceurs.
La France n’est pas en reste puisque depuis eu les opérateurs ont effectué les derniers tests auprès des consommateurs, les collaborations foisonnent entre Canal + et SFR, ou TPS avec les groupes Bouygues et Orange, TDF de même projetant de diffuser une quinzaine de chaînes TV et radio dont une bonne partie de chaînes publiques. Les politiques semblent même s’être penchés sur le phénomène puisque un rapport intitulé Télévision numérique et mobilité d’août 2005 remis au gouvernement prévoyait un lancement commercial dès 2006.
Nombreux sont ceux qui voient en ce nouveau mode de diffusion des résultats commerciaux prometteurs, la preuve en est la fièvre qui accompagne l’appel d’offres pour l’attribution des droits de diffusion des extraits de matchs, de magazines ou de résumés sur les téléphones portables des futures saisons du championnat de France de football.
Reste que la télévision mobile demeure un média complémentaire aux autres dans son mode de consommation, média dont l’avenir est dicté par de certaines contraintes technologiques.
Sources :
Courrier International n° 781, 20 octobre 2005. Le Monde 17 novembre 2005
Hugues MAURY