La Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique (IFPI) vient de déposer près de 2100 plaintes, dans différents pays, contre des internautes usagers de peer to peer .
Ces actions en justice sont engagées à l’encontre de simples particuliers, coupables de downloading et d’ uploading sur des œuvres protégées par le droit d’auteur ; ce sont généralement des usagers des « majors » du P2P comme Kazaa, Gnutella ou eDonkey. De nouveaux Etats, jusque là épargnés par les vagues de plaintes de l’IFPI (quatre en tout depuis mars 2004), sont désormais concernés ; ainsi en est-il de : la Suède, la Suisse, l’Argentine, Hong Kong et Singapour. Pour la première fois, des plaintes sont déposées dans un Etat d’Amérique du Sud. Cela porte donc le nombre d’actions engagées à un total de 3800, dans 16 pays différents, rien que par l’ IFPI.
Sur le fond, et malgré l’importance des chiffres, l’impact de ces actions reste sporadique. En effet, les 3800 personnes en question ne représentent que 0,035% de l’ensemble des usagers de P2P dans le monde. Néanmoins les amendes et autres dommages et intérêts payés au terme des procès peuvent être élevés.
Sur la forme, la dernière vague fait l’objet d’un soutien médiatique important, que certains accusent d’être en décalage avec la réalité. Ainsi, les responsables de l’IFPI se félicitent de voir « des milliers de personnes payer des sommes de 3000 $ et plus » pour la contrefaçon via P2P. Ils parlent même d’une intensification significative des actions, annonçant de profonds changements dans les mois à venir. Des entreprises privées, comme Coca Cola, affirment également leur soutien à l’IFPI dans cette croisade contre le piratage.
Ces annonces tapageuses poursuivent sûrement une finalité psychologique. Les actions menées contre des particuliers, si insignifiantes soient-elles, s’insèrent dans une campagne de lutte générale contre tous les acteurs, incluant notamment les éditeurs de logiciels eux mêmes. Le but ne serait pas de tendre à la globalisation des actions, qui serait matériellement impossible, mais seulement de rappeler leur éventualité aux citoyens du plus d’Etats possible. Ce rappel vient au soutien des procès menés contre les éditeurs, eux aussi largement médiatisés sur le web, et des discussions menées au niveau national sur la légalisation des réseaux. Le tout est de convaincre, non plus de l’illégalité du P2P, mais de sa prochaine disparition.
Pour préparer le terrain et ménager les esprits, l’IFPI rappelle, en plus des déclarations précitées, qu’un catalogue de 2 millions de titres est déjà disponible légalement, sur près de 300 sites dans le monde, à des prix fort intéressants.
Les effets de ces campagnes restent encore limités. L’on a seulement constaté une légère diminution du nombre d’usagers de P2P dans le monde le mois dernier ; la moyenne reste quand même de 9,2 millions à un moment T, ce qui laisse présumer que le nombre total est bien plus important.
Sources :
– www.ratiatum.com
– site de l’IFPI : http://www.ifpi.org/
Philippe MOURON