CESSION PARTIELLE DE L'EXPRESS A UN GROUPE BELGE

La Socpresse est sur le point de céder une partie de l’Express-l’Expansion au groupe belge Roularta. 35 % du capital seraient ainsi cédés, dans un premier temps. L’acheteur belge entendrait en effet racheter la totalité du groupe d’ici deux ans.

Roularta Media Group constitue déjà l’un des groupes les plus puissants en Belgique et un exemple frappant de concentration des médias : ses activités recouvrent de nombreux titres de presse écrite (quotidiens gratuits et payants ou magazines hebdomadaires), plusieurs chaînes de télévision, notamment locales, une station de radio, une régie publicitaire, des maisons d’édition ainsi que les sites internet qui y sont liés. L’Express viendrait en complément logique de ses activités actuelles au niveau des hebdomadaires d’informations générales ; d’ailleurs, un partenariat datant de 1985 permet déjà à Roularta de reprendre une partie du contenu de l’Express pour son principal hebdo, fort justement nommé Le Vif / L’Express . Ce partenariat avait déjà dopé le chiffre d’affaires en Belgique. La cession actuellement envisagée est donc d’un grand intérêt pour le groupe, qui connaît depuis fort longtemps son affaire.

Cela lui permettrait également de renforcer ses activités et prestations de services hors de la Belgique et conférerait à cette cession le caractère d’une réussite européenne. D’ailleurs, selon certaines sources, le rachat aurait été retardé, devant survenir à l’origine vers la période du référendum européen ; la cession d’un groupe français à un acheteur belge n’aurait soit disant pas été de bon augure à ce moment. L’édition de L’Express se rajouterait aux activités que Roularta mène déjà en France ou en partenariat avec des groupes français (ex. : Bayard, Studio Magazine ).

Du côté du cédant, il semble que l’intérêt principal se déplace sur Le Figaro . Les différentes campagnes de promotion effectuées ces derniers mois pour le quotidien ainsi que le passage à une nouvelle formule en attesteraient. Cela serait d’autant plus vrai que le groupe se sépare, corrélativement, de plusieurs de ses publications, notamment dans la presse quotidienne régionale ou les magazines spécialisés. La cession précitée marque une nouvelle étape de ce processus. Difficulté financière de la presse en général ou volonté de rentabilisation effrénée ? Depuis la venue de Serge Dassault, les critiques ont fusé, comme pour d’autres médias passés aux mains d’industriels ou d’actionnaires sans lien originaire avec la sphère médiatique. Les problèmes survenus au sein de Libération cette semaine font également ressortir ce débat.

Quoi qu’il en soit, la direction de L’Express semble réjouie de cette cession, passant aux mains d’un spécialiste des médias.

Source : – Le Monde et  www.roularta.be

Philippe MOURON