LES EMISSIONS DECLINEES SUR PAPIER

Il est question depuis plusieurs jours de décliner le magazine de France 2 “Envoyé spécial” en une version papier. Le premier numéro sera disponible en kiosques vendredi 9 décembre. L’équipe cherchait a créer un nouveau titre de photo-journalisme et garder le même esprit et la même rigueur que l’émission pré-existante. Cette nouvelle version est éditée par France Télévisions Distribution (FTD) ,avec la participation du GS Presse, la société de François et Jean-Dominique Siegel. GS Presse avait également contribué au lancement du Monde 2 dans sa version mensuelle en novembre 2000.

Le premier numéro sera consacré aux événements de l’année 2005 (comme le tsunami, le référendum sur la Constitution européenne, l’arrivée de la TNT…).Tous les événements ont été traité en images avec un décryptage de l’actualité. Cette nouvelle version vise essentiellement à conquérir des publics différents.

Une large place est accordée à l’iconographie et à la photographie. Le premier numéro va être tiré à 97 000 exemplaires et fera figure d‘exception, comme un hors série. Ensuite la périodicité sera trimestrielle. Des infléchissements seront prévus ensuite selon l’intérêt des lecteurs. L’objectif est de vendre 50 000 numéros.

Aussi bien M6, TF1 que France Télévisions, misent sur cette vente de magazines pour améliorer la diversité des programmes et offrir un panel de thèmes en fonction du support. Les chaînes de télévision sont contraintes de se diversifier pour réduire leur dépendance au marchés publicitaire.

Ces lancements s’inscrivent dans la stratégie de diversification. Ils permettent une déclinaison en presse de programmes emblématiques des chaînes. Il existe ainsi une dizaine de magazines est déjà issue d’émissions. Au départ, les chaînes visaient les adolescents. Mais le rayon s’est ensuite élargi vers les adultes. Par exemple TF 1 édite le magazine de découvertes Ushuaïa, et M 6 mise sur Auto Turbo.

Ces magazines sont-des succès. C‘est le cas du magazine Stop Arnaques (onze numéros et un chiffre d’affaires d’environ 4 millions d’euros). Mais rares sont les diffusions qui évoluent positivement d’une année sur l’autre En publicité, les performances restent tout aussi limitées : moins de dix pages de publicité par numéro et un portefeuille d’annonceurs limités.

Pour fonctionner, ces magazines doivent être complémentaires de l’émission de télévision, en aucun cas des duplications.

Mêmes si les échecs sont nombreux, les grands éditeurs de presse comme Hachette Filipacchi Médias (Elle, Paris Match…) et Prisma Presse (Voici, Geo, Capital…) sont inquiets face à ces nouveaux concurrents. A ce jour, l’audience de leurs nouveaux concurrents n’est toujours pas mesurée par les instituts officiels. Comme tous les magazines de marques, la mesure d’audience est rendue difficile par le risque de confusion entre la publication et la marque qu’elle supporte. Enfin le Syndicat de la presse magazine d’information considéré que ces magazines pratiquent de la concurrence déloyale puisqu’ils bénéficient de la forte notoriété d’une marque.

Les éditeurs estiment que les télévisions ne peuvent disposer des aides normalement attribuées par l’État pour ces journaux( C’est la commission paritaire qui décide de l’attribution des aides). La commission paritaire a renforcé ses critères d’attribution. Le magazine ne doit pas être un instrument de promotion d’une entreprise commerciale. .. La chaîne TF1 a ainsi saisi le Conseil d’État en invoquant le fait que la commission paritaire n’avait pas accordé d’aides à TF1 pour le magazine Ushuaïa

Pourtant la chaîne avait pris ses précautions lors de la conception de magazine . La télévision devient éditrice de presse magazine et concurrente directe des éditeurs de presse.

Source : le Monde 5 décembre 2005

Amanda MAHABIR