L’émission nationale (6h00-12h00), La Manana , présentée par Federico Jimenez Losantos critique aussi bien l’Islam, les homosexuels, l’avortement que les chrétiens de gauche. Cette émission quotidienne, écoutée par 1,6 million de personnes, est le principal produit d’appel de la Cope, deuxième radio généraliste du pays avec 2,2 millions d’auditeurs, dont le propriétaire n’est autre que la Conférence épiscopale, c’est-à-dire l’Eglise espagnole.
Le Ministre de l’Industrie, José Montilla, disait récemment que cette radio servait les « intérêts de la droite la plus extrême ». Avec l’arrivée aux Cortès (le parlement à Madrid) du nouveau statut d’autonomie de la Catalogne d’inspiration fédéraliste, la polémique s’est accrue. A la Cope, on a parlé de « démembrement du pays » et d’une « Catalogne indépendante qui voudrait faire de l’Espagne un protectorat » et conseillé aux auditeurs de boycotter les produits catalans. La Cope apparaît ainsi comme le modèle d’une Espagne centraliste et aux accents néofranquistes.
Les autorités régionales menacent de supprimer les fréquences à Barcelone, Tarragone et Manresa et le quotidien El Periodico a consacré un éditorial de son directeur, Antonio Franco, autour de cette polémique : « La Cope insulte ceux qui ne pensent pas comme elle, et excite les bas instincts. Elle n’exerce pas la liberté d’expression, elle crache ». Pourtant, cela réussi à La Cope qui a gagné au moins 300 000 auditeurs par rapport à 2004 et qui a reçu de nombreux messages de soutien.
Le ton de La Cope irrite de nombreuses personnalités, ainsi le présentateur de la télévision privée Quatro, Inaki Gabilondo, estime qu’ « il faut mettre un frein à ces flots de haine. Cela en devient dangereux ! (…) L’Eglise a perdu la tête ou alors elle ne comprend pas ce qui se passe. Et un jour, elle en paiera le prix ».
Bien que la hiérarchie catholique, propriétaire et actionnaire majoritaire, ne s’exprime pas, certains évêques et notamment l’évêque Catalan Agusti Cortes a demandé à la Conférence épiscopale de corriger les excès de cette radio.
Source : Libération du 29 novembre 2005.
Laurie MOUNE