UNE COURSE AUX OSCARS TRES POLITIQUE

La cérémonie des Oscars, qui se déroulera dans moins de trois mois, promet une cuvée 2006 dans la tonalité particulièrement politique. En effet, quatre films indépendants et touchant à des sujets de société controversés, se retrouvent en tête de la course aux statuettes dorées.
Les quatre longs métrages dont nous parlons sont Le secret de Brokeback mountain, Good night and good luck, Truman capote et Collision. Ils ont obtenu le plus de nominations aux récompenses de quatre syndicats professionnels de Hollywood, annoncées cette semaine.
En premier lieu, le réalisateur Ang Lee, avec Brokeback mountain, est nommé pour un film qui narre une idylle entre deux cow-boys, un sujet audacieux dans une Amérique puritaine. Il a été sélectionné par le syndicat des producteurs (le PGA), des scénaristes (le WGA) et des réalisateurs (le DGA) pour leurs prix respectifs. Notons que ce film a aussi obtenu, en décembre, sept nominations aux Golden Globes (prix décernés par la presse étrangère à Hollywood), puis quatre nominations aux récompenses des syndicats des acteurs (SAG). Autre film bien placé dans la course aux Oscars, le Good night and good luck de Georges Clooney. Ce film traite du combat d’un journaliste contre le Maccarthisme. Sujet sensible car, d’une part, les Etats-Unis n’ont pas l’habitude, dans leur cinéma, de critiquer un gouvernement, même non actuel. D’autre part, certains voient en ce film une critique active de la politique du président Bush, Georges Clooney étant engagé contre le gouvernement en place. Par ailleurs, la biographie Truman capote est également bien placée, notamment grâce à la performance de l’acteur principal, Philip Seymour Hoffman, unanimement salué par la critique. Enfin, le Collision de Paul Haggis reste la plus grande surprise de ces nominations. En effet, ce long métrage, sur les tensions raciales au cœur de Los Angeles avec Sandra Bullock et Matt Dillon, apparaît dans toutes les sélections des syndicats professionnels alors qu’il n’est pas apparu à la sélection des Golden Globes.
Pour Tom O’Neil, expert en récompenses de Hollywood et éditorialiste du site Internet www.envelope.com rattaché au Los Angeles Times, « Collision est devenu cette semaine un concurrent très sérieux de Brokeback Mountain. Au début de la course, on aurait pu dire que Brokeback mountain écraserait tout sur son passage. Mais, la grande nouvelle est la force de Collision, un film important qui a obtenu 55 millions de dollars à l’ancienne mode du bouche à oreille ». Car, pour Monsieur O’Neil, ces deux derniers films traitent des préjugés, sexuels pour l’un et raciaux pour l’autre. Ainsi, tous les deux sont porteurs de messages politiques très forts et qui ont eu un succès en salle. Un mélange qui plaît à Hollywood. De plus, l’éditorialiste estime que, ce qui ressort le plus de ces nominations est l’absence des films à gros budget des grands studios. En effet, la plupart de ces films sont soit des suites, soit des rééditions. Ces sélections, faites par les syndicats professionnels, sont un baromètre fiable de la remise des Oscars, car leurs membres sont aussi électeurs dans le collège de l’Académie et des Sciences du Cinéma, qui sélectionnent les finalistes et les gagnants des statuettes dorées.
De ce fait, les Oscars, qui auront lieu le 5 mars prochain, risque d’être très politique. Tout comme le choix de l’Académie de nommer Jon Stewart pour présenter la cérémonie. Ainsi, ce dernier présente, sur une chaîne câblée, un faux journal quotidien où la Maison blanche n’est pas épargnée. « Le comédien le plus politique des Etats-Unis va présenter les Oscars les plus politiques vus depuis des années. Cela va être une soirée dangereuse », prévient O’Neil, qui risque de perturber la cérémonie, connue pour être, habituellement, une sage réunion de famille.

Source : le site Internet www.commeaucinema.com.

Audrey RAPUZZI