LA FICTION REJOINT LA RÉALITÉ

L’année 2005 a marqué le début d’une tendance à la réalisation de téléfilms relatant des affaires criminelles, pas toujours résolues.
On peut constater le formidable succès des chaînes diffusant ce genre de fictions : 12 millions de téléspectateurs ont suivi l’Affaire Dominici sur Tf1,et 10,3 millions Dans la tête du tueur relatif à Francis Heaulme diffusée sur France 3.
Fort de ce succès, nos petits écrans vont être envahis dans les mois à venir d’autres œuvres télévisuelles du même genre: l’une sera diffusée sur France 3 et relatera l’affaire Grégory, une autre sur France 2 et contera des disparus de Mourmelon.
Cependant, si la télévision à l’instar des écrivains ou autres romanciers s’inspire de faits divers, qui ont souvent déchaîné les passions, pour ses téléfilms, cela ne va pas sans soulever de difficulté.
En effet, les téléfilms ne sont pas toujours respectueux de l’exactitude des faits ainsi que du rendu des jugements. Les familles ont la plupart du temps beaucoup souffert et ne souhaite pas être replongées dans ce douloureux passé.
Ainsi en ce qui concerne le téléfilm Dans la tête du tueur en dépit d’avoir pu faire suspendre le film, Francis Heaulme a obtenu la diffusion d’un communiqué en début de programme. TF1 ,quant à elle, a abandonné son projet de docu-fiction sur la tuerie de Nanterre en l’absence de l’accord des familles de victimes. Le téléfilm relatif à l’affaire du petit Grégory est, lui soumis à une demande d’interdiction.
Un téléfilm intitulé Une mère est également en préparation pour TF1 et relatif à l’affaire Christian Ranucci. Ce dernier a été jugé coupable dans les années 1970 de l’enlèvement et du meurtre d’une fillette de 8 ans. La grâce du Président de l’époque, Valéry Giscard d’Estaing, lui ayant été refusée, i la été guillotiné.
Le TGI d’Aix-en-provence, saisi en référé par la famille Ranucci d’une demande d’interdiction de tournage le 27 décembre 2005 au motif du « respect de la vie privée », a imposé aux producteurs de fournir à la famille Ranucci, quatre mois avant la diffusion du film, le scénario et le montage final. Cette mesure a été prise dans le but de laisser le temps nécessaire à la famille pour visionner l’œuvre et d’en demander éventuellement des modifications.

Source : Le Monde du 12/01/2006 « Les fictions télé sur des affaires criminelles de suscitent de plus en plus de recours en justice » par Guillaume FRAISSARD et Catherine BEDARIA
Aurélie GIOIA