LE SUCCES DE LA RADIO FACE A L'ESSOR DES NOUVELLES TECHNIQUES

Chaque jour, la radio est écoutée par quarante millions de Français pendant presque 3 heures. Les techniques nouvelles telles que l’iPod, l’Internet, les infos par SMS peuvent-elles provoquer la fin de la radio ?
La France compte 1 500 stations de radio et selon Médiamétrie, les Français écoutent régulièrement deux d’entre elles, en moyenne par jour.
D’après une enquête annuelle de la Sofres pour « Le Point » et « La Croix », les infos à la radio sont jugées plus crédibles que celles de la presse écrite et surtout de la télévision. Les auditeurs sont très fidèles à leur radio comme peuvent le témoigner la longévité de certaines émissions comme « Le Masque et la Plume », « Les Grosses Têtes ». Par contre, lorsqu’ils sont déçus, ils abandonnent définitivement cette radio ; tel fut le cas lors du départ forcé de Philippe Bouvard en 2000 de RTL ; deux millions d’auditeurs sont partis et même le retour de Bouvard 8 mois plus tard ne les a pas fait revenir.
Pour Christophe Hondelatte, cette fidélité est due à l’utilisation de la radio comme réveil : « La radio rythme la vie, à la minute prés. Si Bernard Guetta (France Inter) parle et que vous ne vous êtes pas brossé les dents, c’est que vous êtes en retard… Bouger une minute dans la grille fait perdre leurs repères aux auditeurs et entraîne des départs ».
Les auditeurs sont aussi très attachés aux voix. Chacun garde à l’oreille le son de la voix de Claude Villers, Gérard Klein, Pierre Boutelier, José Artur…et les plus jeunes, celles de Difool ou Cauet. Jean-Pierre Foucault a conscience du pouvoir de sa voix : « c’est une carte d’identité extrêmement forte. Plusieurs fois on m’a reconnu à la voix. La perdre est ma crainte numéro un ».
Ceux qui pratiquent les deux médias, radio et télévision, savent que la supériorité de la radio est son manque d’images. Pour Jacques Pradel, les images « brouillent tout. En télévision, personne n’écoute le fond ». Yves Bigot pense que « l’image est une dictature face à l’imaginaire » ; tout comme Jean Rochefort qui enfant, écoutait avec sa mère « les retransmissions théâtrales dans le noir en regardant le point vert du poste. On imaginait le physique de la jeune première. On inventait le décor. C’était formidables ».
De plus, les auditeurs pensent que la radio s’adresse seulement à eux, de ce fait ils envoient des courriers très différents et plus nombreux par rapport à ceux reçus par la télévision comme le déclare Jean-Pierre Foucault.
D’autre part, à la radio, le ton et les propos semblent beaucoup plus libres qu’à la télévision. Les dérapages ne sont pas sanctionnés, les échanges sur Skyrock sont très crus mais la liberté de ton existait déjà dans des émissions comme « Campus », « Pop Club » et même chez Ménie Grégoire.
Bien sûr les informations reçues sur le portable ou par sms retirent aux stations d’informations le monopole de la réactivité mais jusqu’à présent rien n’a encore remplacé « l’inflexion des voix chères ».

Source : TéléObs du 14 au 20 janvier 2006

Laurie MOUNE