UN NOUVEAU PROJET DE CONCENTRATION CONTESTE PAR LE SYNDICAT NATIONAL DES JOURNALISTES

Le projet de concentration envisagé par le journal Le Monde et le groupe Hachette Filippachi Medias (HFM), filiale de Lagardère, pour leurs publications du « sud » (respectivement, pour Le Monde : Midi Libre, l’Indépendant, Centre Presse ; pour HFM : La Provence, Nice Matin, Var Matin), est mis à mal par les représentants du Syndicat National des Journalistes (SNJ) des différentes rédactions concernées.

Le projet est déjà évoqué depuis plusieurs semaines et semble davantage se préciser : Le Monde et HFM réuniraient leurs titres de PQR méridionaux dans une filiale commune, dont le premier des deux groupes serait actionnaire majoritaire. Un éventuel troisième partenaire a été envisagé pendant un temps mais l’option semble désormais abandonnée. L’intérêt présenté de ce regroupement est publicitaire ; une régie commune serait en effet créée pour minimiser les coûts ; sa zone de chalandise s’étendrait ainsi sur tout le littoral, de la frontière italienne aux Pyrénées. Rien de plus selon les directions. Sur le plan national, ce pôle « sud-est » deviendrait le troisième groupe de PQR sur le territoire.

Le SNJ du Monde se montre très méfiant vis à vis de cette concentration. Il parle ainsi de « holding des journaux méditerranéens », dont le seul intérêt serait, grâce aux économies réalisées, de réunir les fonds nécessaires au lancement d’un gratuit pour la région parisienne.
De plus, les journalistes des six journaux régionaux concernés ont fait part de leurs récriminations à l’égard de l’opération. Ils exigent ainsi des garanties de leur direction, tendant à faire respecter un certain nombre de principes : maintien des différentes rédactions, remplacement immédiat des journalistes usant de leur clause de cession, maintien des spécialisations par métier,… Corrélativement aux représentants du Monde, apparaît la crainte que des économies d’échelle soient envisagées ; un front commun des journalistes devrait être constituer face aux directions respectives pour engager d’éventuelles négociations.

Quoi qu’il en advienne, ce projet témoigne à nouveau des difficultés rencontrées par la presse quotidienne régionale et de la nécessité de réaliser des économies sur tous les plans. Outre la concentration, désormais classique, la création de gratuits semble devenir un moyen privilégié d’attirer plus d’annonceurs, et donc d’augmenter les recettes, à un moindre coût.

Il ne semble pas, a priori, que l’intention des parties ait été de financer un tel lancement, bien que cette pratique devienne de plus en plus fréquente.

Source : Le Nouvel Observateur
Philippe MOURON