LA CLAUSE DE CESSION INVOQUEE PAR LES JOURNALISTES DE VOYAGE

« Voyage », chaîne du câble et du satellite, a été rachetée en septembre 2004 par Fox International Channels (FIC), filiale du groupe américain News Corp de Rupert Murdoch, au groupe Pathé. Cette chaîne qui était composée de huit journalistes, voit sept d’entre eux partir en invoquant la clause de cession, cette dernière permet aux journalistes de rompre leur contrat de travail lorsque leur entreprise change de propriétaire et de bénéficier tout de même des indemnités de licenciement. Le seul journaliste qui est resté à « Voyage » travaille sur des programmes de flux. En ce qui concerne les sept autres, aucun remplacement n’est prévu pour le moment.
Bien que ce soit des programmes auto-produits et des documentaires qui ont fait la renommée de la chaîne, un journaliste-reporter d’images, parti fin février, a déclaré : « Lorsque la chaîne appartenait encore au groupe Pathé, il y avait une vraie politique de production. Désormais, le reportage et le documentaire fait maison, c’est bel et bien fini. On entre dans une ère de robinet à images et de programmes achetés ».
Les pratiques de Fox International Channels inquiètent, la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) et le Syndicat des producteurs indépendants (SPI) ont envoyé une lettre au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) par rapport à sa chaîne « Foxlife », diffusée depuis octobre 2005 sur CanalSat. Le Directeur général de la SACD, Pascal Rogard y dénoncait d’ailleurs : « Foxlife est dirigée depuis Paris, et c’est aussi à Paris que ses programmes sont fabriqués. La régie publicitaire de Foxlife est celle de France Télévisions, ses recettes se font donc en France (…) , les programmes français sont acheminés vers l’Italie, on y incruste le logo de la chaîne, et on envoie alors le signal à CanalSat depuis Rome…comme s’il s’agissait d’un programme italien ! (…) ».
Bien que la Directive européenne Télévision sans frontières (TVSF) comprenne des clauses anti-délocalisation, elle permet ce type de pratique et c’est d’ailleurs ce sur quoi le Président de Fox International Channels, Thierry Schluck s’appuie pour justifier ses actes. Il est à espérer que le dispositif actuel de la directive soit davantage précisé et renforcé contre ce mode de concurrence déloyale et de fraude.

Source : Le Monde du 7 mars 2006

Laurie MOUNE