L'AUDIT DE FRANCE TELEVISIONS DRESSE UN BILAN PREOCCUPANT DU GROUPE PUBLIC

Dès son arrivée à la tête de France Télévisions, Patrick de Carolis a commandé un audit interne pour obtenir une “photographie précise et chiffrée” du groupe et déterminer les marges de manœuvre dont il disposait. L’état des lieux dressé par cet audit, rendu public le 25 janvier 2006, a montré que le groupe France Télévisions, malgré une situation économique et financière saine, connaissait plusieurs difficultés structurelles. Une érosion progressive de l’audience, tout d’abord. En cinq ans, pendant la période 2000/2005, toutes les antennes de France Télévisions ont connu une chute significative d’audience, à l’exception de France 5 : France 2 a ainsi accusé une baisse de 1,4% de part d’audience et France 3 une diminution de 2,3% . Or conformément aux engagements du groupe envers l’Etat, le coût global de la grille de programmes a augmenté de 21% pendant la même période, atteignant 1,62 milliards d’euros en 2005. Un déficit stratégique, ensuite. L’audit a critiqué la pertinence de la stratégie de France 3 fondée uniquement sur la régionalisation et stigmatisé les lourdeurs d’une information qui, au plan national, ne bénéficiait “d’aucune synergie avec France 2”. Une politique de ressources humaines trop rigide, également. Le groupe, qui comptait 11.011 collaborateurs en 2005 après l’intégration de RFO (dont 2950 journalistes), n’a enregistré que 15 transferts internes durant la même année. Une inflation préoccupante des coûts, enfin. L’audit a pointé une hausse de 90% du budget alloué aux animateurs-producteurs entre la saison 2000-2001 (7 contrats, 77 millions d’euros) et la saison 2004-2005 (14 contrats, 146 millions d’euros) et montré que les stocks de programmes, estimés à près de 445 millions d’euros, étaient en partie inadaptés aux besoins des grilles sur certains genres.

Un rapport de l’inspection générale des finances (IGF), diligenté par les ministères de tutelle de France Télévisions (Ministère de la Culture, Ministère des Finances et Ministère des affaires Etrangères) dans le cadre de la négociation du prochain Contrat d’objectifs et de moyens (COM) du groupe et rendu public courant mars 2006, a renforcé à gros traits ce bilan déjà sombre, et préconisé des mesures radicales pour préserver la compétitivité du holding public : fusion des rédactions de France 2 et France 3, suppression de 1000 emplois en 5 ans, réduction de moitié du nombre de directions régionales de France 3, fermeture de la filiale de production de la chaîne… Mais le président de France Télévisions et son état major n’ont pas hésité à s’opposer …

Sources :
– GONZALES Paule, « France Télévisions, l’audit qui accuse », Le Figaro Economie, 26/01/06.
– PSENNY Daniel, « France Télévisions : inflation des coûts, baisse d’audience », Le Monde, 27/01/06

Benoît LANDOUSY