LE RENOUVEAU DU CINEMA CHINOIS

Comme le reste des secteurs économiques asiatiques, le cinéma connaît une très forte croissance. Pourtant, s’il est une région du monde où le droit d’auteur est particulièrement bafouillé, c’est en Asie et plus particulièrement de la Chine.I. L’essor du cinéma chinois
Le cinéma chinois est en plein essor. On ne parle plus que des superproductions made in china avec des VRP de luxe comme Zhang Ziy nommée aux Golden Globe Award pour Mémoire d’une geisha ou encore Wong Kar-wai, réalisateur de In the Mood for Love, de 2046 et surtout Président du jury du dernier Festival de Cannes.
Le renouveau du cinéma commercial asiatique n’est pas passé inaperçu du coté des majors américains. Ainsi Columbia Pictures dont, dont la stratégie est de produire des films locaux, a joué la www.festival-cannes.fr
première la carte asiatique en produisant Tigre et dragon de Ang Lee.
Columbia coproduit 4 films asiatiques par an. Warner Bros est également rentrée dans la partie. Disney s’apprête même à sortir son premier film en chinois avec des acteurs chinois.
En France, c’est Europa Corp. la société de Luc Besson qui surfe sur cette nouvelle vague.
La Chine est la nouvelle terre promise du cinéma avec un box-office en plein boom et des studios dignes des majors hollywoodiennes. Les nouveaux réalisateurs chinois sont talentueux. Ainsi, les frères Wang se sont déjà taillé une solide réputation en produisant Crazy kung-fu de Stephen Chow (déjà réalisateur du phénomène Shaolin soccer) ou encore Zhang Yimou le réalisateur du Secret des poignards volants ; Ils viennent sérieusement concurrencer leurs aînés tels que Ang Lee qui a réalisé entre autres Tigre et dragon, John Woo ou encore Li Shaohong dont le dernier film a été récompensé au dernier festival de Tribeca à New York.II. Chine vs piratage
La Chine est le pays organisateur des jeux olympiques de 2008. Beaucoup d’industries comptent en profiter pour mettre la pression sur le gouvernement chinois. Et sur la question de la lutte contre le piratage d’oeuvres, la Chine est un mauvais élève. Hollywood va donc profiter des jeux de Beijing pour presser la Chine de lutter efficacement contre le piratage, en ouvrant notamment son marché à tous les films américains.
Selon les studios, le piratage chinois leur coûte presque 300 millions de dollars par an. Et la Chine n’admet au maximum que 20 films américains par an dans ses cinémas (en réalité 14).
La Chine a les moyens de lutter contre la contrefaçon et l’a prouvé. Les autorités chinoises ont stoppé la contrefaçon de logo des Jeux Olympiques.
Difficile de concurrencer le marché du DVD en Chine. Des DVD pirates du Da Vinci Code étaient vendus à Shanghai le lendemain de sa projection en avant-première mondiale pour la modique somme de 5 yuan soit 0.50€. Certes la qualité est mauvaise, screener avec des sous-titres fait à la va-vite ou encore pris à d’autres films, mais on nous promet dans une « qualité meilleure dès que le film sera sorti en Chine »
La Motion Picture Association (MPA) défenseur du copyright des studios d’Hollywood au niveau mondial, évalue à 3 milliards de dollars le manque à gagner dû au piratage en 2001 dont 598 millions dans la seule zone Asie-Pacifique.
Le problème de la censure. S’il est vrai que les chinois ont pour habitude de regarder un film, même récent, dans leur salon et non dans les salles de cinéma, ce n’est pas seulement pour une question de confort. Beaucoup de films sont censurés par les autorités chinoises avant même leur diffusion en salles car non conforme aux valeurs du pays. Ainsi, impossible de voir le secret de BrokeBack Mountain ; Malgré tout Ang Lee, qui vit et travaille aux Etats-Unis depuis la fin des années 1970, n’est pas rancunier, il devrait tourner cet automne un film d’espionnage dont l’action se déroulera à… Shanghai.
Quant au Da Vinci Code, il y a eu un petit espoir, mais le film a vite été retiré des salles car il “viole l’éthique et la morale religieuses et heurte les sentiments du clergé et des fidèles”, selon l’agence officielle Chine Nouvelle. Il faut rappeler que l’Eglise catholique chinoise, contrôlée par le gouvernement, avait appelé à un boycottage.
Quelques jours avant cet épisode, c’est le film Mission impossible 3, pourtant tourné en partie à Shanghai, qui a vu certaine de ses scènes coupées. Selon le journal américain spécialisé Variety, le linge qui sèche dans la rue – donnant une image qui serait peu flatteuse de la ville la plus moderne de Chine – et les performances assez moyennes de la police chinoise ont froissé les autorités de Pékin.
C’est sans doute par peur d’éventuelles réactions négatives, sur fond de tensions entre Pékin et Tokyo, que Mémoires d’une Geisha, dans lequel des actrices chinoises endossent les rôles de Japonaises, n’est pas non plus sorti en Chine.
Enfin la censure ne concerne pas uniquement les films étrangers, Palais d’été, du cinéaste chinois Lou Ye, a pour toile de fond le mouvement pour la démocratie, écrasé dans le sang en juin 1989. Le film a été censuré car son réalisateur l’a présenté le mois dernier en compétition officielle à Cannes, sans l’aval de la censure pékinoise. Il risque une interdiction de tournage durant cinq ans, selon la presse officielle. www.allocine.fr
Mais comme tous les autres films bannis en Chine, il est bien sûr disponible en DVD piraté de bonne qualité, dans des magasins qui ont pignon sur rue, là où parfois sèche le linge.
La contre attaque de l’industrie. Afin d’essayer de lutter contre le piratage chinois, la société Warner Home Video a sorti les grands moyens : elle a commercialisé en Chine un DVD original du film Aviator à un prix à peine plus élevé que les copies illégales, c’est-à-dire à 1€50. Certes pour atteindre ce prix, des concessions ont été faites ainsi il n’y a plus de boîtier mais une simple pochette en carton et exit les bonus.
Il est clair qu’une telle opération en occident aurait certainement pour effet si ce n’est de mettre un terme au téléchargement illégal au moins de le diminuer fortement.
Une nouvelle tendance est apparue en Chine et dans d’autres pays en voie de développement : la création de salles modernes et équipées. Les chinois pour qui regarder un film en DVD piraté chez soi est beaucoup plus naturel que de se rendre dans un cinéma, vont peut être finalement redécouvrir le plaisir de voir les films dans les salles obscures.
La lutte contre la violation des droits d’auteur devient une grande messe populaire. Signe de la volonté des autorités chinoises de lutter contre la violation des droits d’auteur et contre le téléchargement, une centaine de célébrités du monde de la musique chinoise ont été réunis par le gouvernement et par les associations d’artistes et de producteurs pour un grand concert à Pékin en mars dernier. Des conférences de sensibilisation ont également été organisées par le gouvernement et pour marquer les esprits un grand démolissage public de CD piratés a également été organisé.
Les autorités chinoises ont bien compris qu’ils ne gagneront pas la bataille contre les violations de droits de propriété intellectuelle sans le soutien de la population.
Les autorités chinoises ont également annoncé avoir fermé 76 sites qui proposaient de télécharger illégalement des œuvres. 137 sites ont été ordonnés de supprimer des contenus illicites et 29 propriétaires de sites ont été condamnés au paiement d’amendes. La « chasse aux sorcières » initiée par le gouvernement chinois ne va pas s’arrêter là : 18 nouvelles procédures pénales ont été lancées.
La Chine réussira t-elle sa croisade contre le piratage ? Une chose est sûre, si sa volonté est réelle, alors elle s’en donnera les moyens.20 juin 2006

Sources : le film français.com
Journal du net
L’expansion

Marie-Cécile NATHAN
Etudiante Master II Droit et métiers de l’audiovisuel