France Soir n’a toujours pas fait son retour en kiosque. Un “premier numéro” créé par Jean-Pierre Brunois et Olivier Rey, a été imprimé à 2.000 exemplaires ,n’a pas été distribué, selon un communiqué des salariés protestant contre le plan des repreneurs désignés (qui prévoit la suppression de plus de la moitié des effectifs).
Des centaines d’exemplaires d’une édition de France Soir préparée par des journalistes non grévistes, imprimés dans la nuit de vendredi à samedi, n’ont pas été distribués. Ces exemplaires imprimés ne devraient pas distribués dans les kiosques (propos de Laurent Jourdas, délégué syndical des NMPP).
Vendredi soir, une quarantaine de salariés du journal, hostiles au projet se sont réunis devant l’imprimerie CIPP à Saint-Denis, où devait être imprimé le “premier numéro” des repreneurs.
Les photograveurs de CIPP ont soutenues les salariés de France Soir”.
Selon la nouvelle direction, une vingtaine de journalistes favorables au projet auraient participé à ce numéro. Les élus du journal contestent ce chiffre qu’ils jugent irréaliste. Pour justifier cette décision, le secrétaire du comité d’entreprise de l’imprimerie, a dit que les centaines d’exemplaires ont été mis de coté car “l’essai” qui a été fait n’était “pas concluant au niveau de la qualité.” Le numéro, “complètement raté” et à l’aspect “désastreux”, présentait à sa Une “un sujet sur la cuisine de tous les dangers”et un thème “magazine” qui “n’a absolument rien à voir” avec l’actualité. Donnant “une image absolument pitoyable de ce qu’ils (les repreneurs) veulent faire et ça vaut qu’on se batte pour un vrai quotidien d’information générale. Ce genre d’épisode donne plus d’énergie qu’autre chose”.
Les grévistes, considèrent que ce numéro imprimé non distribué est “une déclaration de guerre“. “Je suis attristée devant ces 16 pages truffées de fautes et pitoyables. Ce numéro est la preuve que le projet des repreneurs n’est pas viable“, a déclaré Florence Grosjean secrétaire du comité d’entreprise de France Soir.
Les élus ont récusé les accusations de “prise en otage du journal“, de “blocage de la chaîne de production“, et de “dégradations de matériel“. “Les élus ne peuvent que s’étonner de telles affirmations, la liberté d’accès aux locaux de France Soir étant totale, tout comme l’utilisation du matériel“, ont-ils dit. “La présence dans les murs” du journal “depuis le début de la semaine” en est “la meilleure preuve“.
Samedi matin, les locaux du journal étaient toujours occupés par des salariés grévistes qui laissent cependant une “liberté totale d’accès” au bâtiment. La prochaine assemblée générale aura lieu dimanche matin. Pour l’heure, la mobilisation se poursuit. De nombreux soutiens continuent d’affluer à la rédaction et des actions symboliques sont organisées afin de sensibiliser l’opinion. Catherine Icardi-Lazareff, petite fille de Pierre Lazareff, accompagne les salariés dans leur lutte depuis plusieurs jours. «Mon grand-père serait triste. La reprise de Brunois et Rey signifie clairement la disparition du journal.»
Sources :
– Le Monde du 22 avril 2006 ;
– Libération du 22 avril 2006 ;
– Le nouvel Obs. du 22 avril 2006 ;
– dépêche Reuters du 22 avril 2006.
Amanda MAHABIR