CONTESTATIONS AUTOUR DES CHIFFRES DE LA SOCIETE MEDIAMETRIE

Les audiences mesurées par 5 000 médiamètres, boîtes de la taille d’un magnétoscope sont installées dans des foyers et permettent de répartir les quatre milliards d’euros investis chaque année par des spots publicitaires. Les chiffres donnés qui stressent les animateurs, les agences de publicitaires et les directeurs de télévision ne correspondent plus à la vraie consommation de télévision. Les spectateurs commencent à changer leur mode de consommation avec Internet et bientôt toutes les chaînes sur leur portable. Médiamétrie, en situation de monopole, pourra-t-elle suivre cette évolution ? « Tout est décidé avec la profession. On lui fournit la sophistication d’audience qu’elle est prête à payer » argumente-t-elle. Depuis quelques semaines, la présidente Jacqueline Aglietta en poste depuis 1985 est très critiquée. Philippe Santini, directeur général de la régie publicitaire de France Télévisions se plaint du « manque de transparence ». Pour Jérôme Clément, président d’Arte : « Il serait sain qu’un autre acteur développe enfin des instruments de mesure mettant ainsi fin à ce monopole de fait ». Le président de la centrale d’achat MPG du Groupe Havas, Bertrand de Lestapis pense que « Le système de mesure d’audience est à bout de souffle ».
Il faut noter aussi que Médiamétrie a ses clients parmi ses administrateurs dont Etienne Mougeotte (TF 1), Patrice Duhamel (France Télévisions), Jean-Paul Cluzel (Radio France), Daniel Saoda (Publicis)… et que ceux-ci ont des intérêts contradictoires. De plus, la plupart d’entre eux ont une part de leur salaire indexée sur les résultats de leur agence ou de leur média.
Depuis février, la nervosité dans le domaine audiovisuel est grandissante avec les premiers résultats des nouvelles chaînes du numérique terrestre. Dans « Le Monde » du 23 février 2006, est publiée la forte baisse d’audience des chaînes « historiques ». Médiamétrie « ne cautionne pas ces chiffres » qui proviennent de chez elle ! Fin mars, Jacqueline Aglietta, brigue un nouveau mandat et souhaite repousser la limite d’âge statutaire (65 ans) mais elle n’obtient qu’un surcis jusqu’en décembre. Etienne Mougeotte est son meilleur appui depuis 20 ans d’ailleurs un des administrateurs déclare : « Dès que Jacqueline se sent en difficulté, elle se tourne vers Saint Louis sous le chêne : « Etienne, qu’en penses-tu ? » Aussi FranceTélévisions pense que « la composition du panel avantage sa concurrente ».
Pour que Médiamétrie fonctionne avec harmonie, il faudra que le futur patron soit à la fois un scientifique pointu et un habile politique.

Source : Le Nouvel Observateur (semaine du 18 au 24 mai 2006)

Laurie MOUNE