Le projet Paris je t’aime a été lancé il y a 7 ans par Emmanuel Benbihy et Tristant Carné. En 2004, rattrapés par la faillite, ils ont demandé à Claudie Ossard, célèbre pour avoir produit entre autres 37°2 le matin ou encore Amélie Poulain, son aide pour finir le montage de ce projet fou.
Un concept innovant. Paris je t’aime est un film collectif constitué de 18 sketches (7 minutes chacun) célébrant autant de quartiers parisiens.
Les 3 producteurs ont réussi le tour de force de faire venir sur le projet les plus grands cinéastes et les plus grands acteurs du moment, français, américain, chinois… Dans la catégorie des premiers on peut citer Gus Van Sant, Olivier Assayas, les frères Cohen, Wes Craven, Bruno Podalydes, Walter Salles, Nobuhiro Suwa… Des stars bankables telles que Gena Rowlands, Maggie Gyllenhaal, Willem Dafoe, Natalie Portman, Elijah Wood ou encore Fanny Ardant, Ludivine Sagnier, Gaspard Ulliel, pour ne citer qu’eux, ont participé à cette fresque.
Le cahier des charges a été le même pour tout le monde : des sketches de 7 minutes tous tournés avec des équipes techniques françaises, pour montrer aux étrangers le savoir-faire des techniciens français. Durée du tournage : 2 jours et 2 nuits par segment. Et surtout même salaire pour tout le monde : 3 000 euros pour les acteurs – qu’ils aient pour noms Juliette Binoche, Natalie Portman ou Nick Nolte – et 5 000 euros pour les réalisateurs
Un Pari réussi. Paris je t’aime a été sélectionné par Thierry Frémaux pour faire l’ouverture de la catégorie Un certain regard lors du dernier festival de Cannes.
De plus, deux « suites » vont être tournées sur le même modèle, la première à New York et la seconde à Tokyo.
Un amour contrarié. Malgré tout ce projet glamour qui avait tout pour réussir a tourné sinon à la haine, du moins à la rupture entre les partenaires.
Emmanuel Benbihy reproche à Claudie ossard d’avoir « complètement dénaturé le projet initial ». Ce dernier devait réaliser avec Frédéric Auburtin, une continuité filmée entre chaque court-métrage. Or ces transitions une fois tournées ont été refusées par la productrice déléguée, Mme Ossard. De plus M. Benbihy reproche à sa coproductrice d’avoir écarté, sans le consulter, 2 films. Selon elle, les 2 segments « ne s’intégraient pas à la continuité narrative ».
M. Benbihy s’est donc retiré et a adressé une lettre à la direction du Festival pour leur annoncer que le film ne pourrait pas être présenté sans son aval.
Claudie Ossard ne nie rien et au contraire justifie ses décisions. Ainsi concernant la suppression des 2 segments elle affirme qu’ils « ne correspondaient pas aux cahiers des charges de la série », et concernant la continuité, elle a été jugée « ennuyeuse » lors des projections-tests. Il est à noter que en tant que productrice déléguée, Claudie Ossard dispose seule du droit de montage final.
M. Benbihy a donc demandé en référé une saisie de la copie du film pour violation du droit moral.
Le tribunal de grande instance de Paris le 16 mai, soit 2 jours avant sa présentation à Cannes, a donné raison au plaignant et interdit toute projection publique du film, fixant une astreinte de 180 000 euros en cas de non-respect de cette décision.
Un accord a été trouvé entre les parties pour que le film puisse être présenté à Cannes.
Bien que le désaccord perdure, un accord a également été trouvé pour ne pas retarder la sortie du film prévue le 21 juin, et ainsi ne pas décevoir les amoureux de Paris !!!
Sources : allocine.fr, le monde
Marie Cécile NATHAN