LE MONDE : L'EDITORIALISTE OU L'ACTIONNAIRE ?

« Le journal de référence » a-t-il préféré se séparer d’un de ses éditorialistes plutôt que de fâcher avec un de ses actionnaires ? C’est la question qui se pose après la démission de Laurent Mauduit annoncée lundi 9 octobre. Ce dernier a expliqué son départ en raison « d’un différend très grave avec la direction du journal, touchant au respect du droit du travail, et plus encore au respect des règles éthiques et déontologiques qui, à mes yeux, doivent impérativement régir notre profession».

En effet, Laurent Mauduit a expliqué que différents de ses derniers articles avaient été « censurés sur pression d’un actionnaire du groupe ». Sans le nommer directement, il semblerait que l’éditorialiste face référence à un article sur la Caisse d’épargne qui aurait été « coupé sans son accord ». Dans cette enquête, M.Mauduit mettait en cause Charles Milhaud, président du directoire d’un des actionnaires du journal Le Monde, la Caisse nationale des Caisses d’Epargne (CNCE).

Le directeur des rédactions du Monde, Gérard Courtois, estime pour sa part qu’il s’agit d’ « un procès d’intention ». Il affirme que ledit article comportait « des accusations infondées et indéfendables » et qu’il a donc été décidé d’ « une dernière coupe sur un passage qui prêtait à ambiguïté » lorsque Laurent Mauduit était injoignable. Des accusations qui ne sont pas sans rappeler les critiques faites lors de la sortie du livre « Révélations » de Denis Robert qui égratignait là encore différents actionnaires de ce journal.

Mais peut être que ce départ précipité de l’éditorialiste a été le résultat des relations exécrables que le journaliste entretenait avec Jean-Marie Colombani, président du directoire du Monde, depuis le départ d’Edwy Plenel dont il était un proche.

Source : Libération.fr le lundi 9 octobre 2006

Rémy REBOULLET