LE WEB 2.0 : L’INQUIETANTE PUISSANCE DE L’INTERNET PARTICIPATIF

Le terme Web 2.0 ou « living web », la toile vivante, désigne un nouveau concept à la mode dans le secteur des nouvelles technologies. Il s’agit d’une nouvelle génération de sites, dont le fonctionnement est fondé sur la participation des internautes. Ce terme a été développé en 2004 par Dale Dougherty et Tim O’Reilly.
L’idée de base est d’utiliser l’intelligence collective, le but étant d’offrir un service et de disposer de données uniques concernant un ensemble d’informations. Les informations sont déposées gratuitement par les internautes, les utilisateurs sont considérés comme des co-développeurs. Ce concept s’apparente à celui des logiciels libres. Le web 2 .0 est accentué sur la notion de communauté.
L’exemple de MySpace, site de prédilection d’une centaine de milliers d’internautes, permet de montrer clairement l’aspect participatif. Ce site permet à l’utilisateur de fabriquer facilement son espace personnel. Il vise à satisfaire le besoin de partager des connaissances et de créer des nouveaux réseaux de communication. « Avec un peu de créativité et de talent, par le biais d’Internet, on peut modifier les habitudes des gens ». Désormais, la plupart des rencontres se font par le biais d’Internet, les gens communiquent à travers les blogs. MySpace dispose d’une immense base de données et permet ainsi, aux personnes partageant le même centre d’intérêt d’entrer en contact et de créer des réseaux d’échanges.

D’autre part, le Web 2.0 tire parti de l’intelligence collective pour toucher un large marché. En effet, les informations disponibles sont « prêtes à consommer ». Selon Stephen Levy, journaliste New-yorkais, « chaque fois que l’on fait une recherche sur Google, les serveurs analysent les résultats que les autres internautes ont jugés les plus pertinents par rapport au terme recherché. C’est comme si un sondage géant était réalisé. Prendre en compte, même sans le leur demandé, l’avis des centaines de millions d’internautes donne un résultat qu’aucune expertise individuelle n’aurait pu atteindre ».

En la matière, il faut être attentif aux dérives, quelles soient sociales ou économiques. Pour le philosophe allemand et spécialiste des médias, Norbert Bolz, « les nouvelles formes de communication conduisent au règne de l’opinion, de l’exhibitionnisme, de la précipitation et à la fin de la raison ».
Selon lui, les blogs seraient une nouvelle façon de se constituer une identité par le biais d’une représentation de soi qui va au delà des limites corporelles, et de se construire un moi complètement différent. La plupart des gens ne sont pas en mesure de se faire écouter du plus grand nombre, ce nouveau mode de communication permet de pallier à ce manque et d’informer le monde entier de notre existence.
Certes, ces nouvelles formes de communication constituent une libération sur le plan psychologique et social, mais elles peuvent faire l’objet de nombreux détournements.

Sur le plan économique, le concept de Web 2.0 fait actuellement l’objet d’une récupération commerciale. Les publicitaires n’hésitent pas à faire référence au Web 2.0 afin de donner à leurs produits « une image cool », plus vendeuse.
Dans la Silicon Valley ce terme désigne « la volonté de se faire de l’argent en financent un site alimenté en contenu par ses utilisateurs ». En effet, ce nouveau phénomène constitue pour certain, un investissement à long terme mais de risque faible. De ce point de vue, ces sites, en tant que modèles de l’Internet de demain, attirent les géants du Net comme Google et Yahoo. A ce sujet, Google conclu des alliances, l’entreprise a passé des accords avec le site communautaire MySpace.com, et bien d’autres encore. A un moment clé dans l’évolution d’Internet, le fournisseur d’accès se positionne stratégiquement.

Le développement des nouvelles technologies Web 2.0. Permet de donner plus de pouvoir aux citoyens, mais permet également d’enrichir ceux qui les y aident. La toile vivante est constituée par les internautes, les informations (gratuites) qu’ils déposent auraient coûté très cher à constituer, c’est donc grâce à ces « coopérateurs » que des entreprises comme MySpace ou Flickr sont en train de devenir des géants en ce domaine.
Ce qui peut également inquiéter c’est la quantité monstrueuse de données dont ils disposent, et notamment, des renseignements personnels sur chaque utilisateur. Nous ne pouvons pas savoir ce qu’ils font de ces données. Une chose est sure, ils peuvent les manipuler aisément, car ils en disposent, de telle sorte que, notre vie privée n’a plus de secret !
Source : Courrier International, N° 826.

Amélie FORMEY