L'AUTORITE DE REGULATION TURQUE ENTEND BOYCOTTER LA TELEVISION FRANCAISE

Le 12 octobre dernier, les députés français ont adopté la proposition de loi socialiste punissant la négation du génocide arménien de 1915. Cette proposition a été votée alors que le gouvernement s’y opposait et malgré la pression de la capitale turque Ankara.

L’instance d’Etat de régulation de la télévision turque a protesté contre le vote en première lecture par l’Assemblée Nationale française de cette proposition de loi. En effet, depuis la recommandation du 19 octobre votée à l’unanimité par l’autorité turque de régulation, les chaînes du pays ne doivent plus diffuser de programmes français. Ce boycott sera maintenu jusqu’à ce que la France décide de retirer cette loi.

Cette proposition de loi doit cependant être approuvée par le Sénat pour entrer en vigueur. Le contenu se compose d’un article unique. Cet article punit de peines allant jusqu’à cinq ans de prison et 45000 € d’amende quiconque contestera l’existence du génocide arménien qui, rappelons-le, a fait 1,5 million de morts entre 1915 et 1923. L’article complète la loi du 29 janvier 2001 relative à la reconnaissance officielle du génocide arménien par la France.

La capitale turque a estimé que cette décision fragilise ses relations bilatérales avec la France. Ankara condamne la France de renier la liberté d’expression. Le Ministère des affaires étrangères turc reproche notamment à l’Etat français l’adoption de cette proposition de loi suite à sa suggestion envers la Turquie de prendre de nouvelles mesures pour la liberté d’expression. En effet, le pays a déjà mis en œuvre ces dernières années un grand nombre de réformes pour améliorer les droits et libertés fondamentaux afin de pouvoir faire partie de l’Union européenne dans un avenir proche.

Par ailleurs, l’Union européenne s’est prononcée sur le vote des députés français et a déploré cette attitude. Cependant, selon certains dires, lors d’une conversation téléphonique, Jacques Chirac a exprimé ses regrets sur ce vote en première lecture au premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Cette version des faits n’a toutefois pas encore été confirmée par l’Elysée.

Source : http://www.nouvelobs.com
Caroline BOSCHER