RFI, DES GREVES A REPETITIONS PERTURBE L’ANTENNE

La grève à Radio France Internationale (RFI), lancée aujourd’hui par la CFDT, pour une durée indéterminée, a perturbé les différentes antennes de la station. Aucun des journaux, par exemple, n’a été diffusé sur l’antenne Afrique de la radio. La reconduction de la grève devrait se décider dans la journée. C’est le troisième mouvement de grève en moins de quinze jours. Les syndicats ont, en effet, lancé divers préavis de grève depuis le 25 octobre. Ceux-ci partagent les mêmes inquiétudes quant à l’avenir de cette radio.

Il est vrai que Radio France Internationale est le seul groupe audiovisuel public dont le montant de la dotation budgétaire sera revu à la baisse en 2007. Le budget de RFI provient à 60% du ministère des affaires étrangères et à 40% de la redevance. Or, si la part de la redevance à augmenter de 600 000 euros, les crédits alloués par le ministère des affaires étrangères est en baisse de 2,5 millions d’euros. Depuis de nombreuses années déjà, le ministère des affaires étrangères et le ministère de la culture, ministères de tutelle, demandent que le mode de fonctionnement de la radio ainsi que le nombre de langue de diffusion soit revue à la baisse afin de réduire les coûts. Le projet de loi de finance pour 2007 prévoit donc un budget de 126 millions d’euros pour RFI soit une baisse de près de 2 millions d’euros par rapport à son budget pour 2006. Or, il est important de noter qu’en dix ans l’augmentation du budget de RFI n’a été que de 15% contre 33% pour Radio France et 149% pour TV5 Monde. L’arrivée de France24 accentue les inquiétudes. Gilles Chevreux, du syndicat Fo, estime que RFI « se trouve fragilisée et marginalisée au sein du pôle de l’audiovisuel public » et « se retrouve en concurrence avec des sociétés qui devraient être [ses] partenaires. »

Le premier mouvement de grève fut lancé par FO le 25 octobre suite à la présentation d’un plan de réorganisation et de développement de la radio. La seconde grève ayant perturbé la programmation fut lancée par la CGT dans la nuit du 28 octobre, date de lancement de la grille d’hiver de la radio. Soutenu par l’ensemble des syndicats, une partie du personnel se mit en arrêt de travail estimant que la direction de la radio publique « tente d’imposer des décisions unilatérales contraires à l’intérêt des différentes catégories de personnel et de l’entreprise elle-même ». Le syndicat dénonçait un plan social déguisé mis en place par la direction bien que le PDG de RFI, Antoine Schwarz, assure qu’aucun plan social ne soit prévu. Pourtant, lors de la présentation de la nouvelle grille au personnel, le 17 octobre, ce dernier avait lui-même évoqué « un guichet de départs non officiel ». RFI dispose actuellement de 900 postes en CDI, le reste des postes étant pourvu par des CDD ou des piges. Le problème est que, tant que la réforme de la station n’est pas véritablement réglée, le nombre de poste pouvant être supprimé ne peut être chiffré, comme le nombre des redéploiements qui seront nécessaires. En effet, l’un des grands axes de la réforme de RFI passera par une diffusion de la radio sur Internet dès 2007 afin de pouvoir faire face aux nouveaux concurrents de la station. Les syndicats, encourageant cette réforme, déplorent le manque de moyen alloué à cette dernière et l’absence d’un réel projet éditorial. La grève lancée aujourd’hui est, peut-être, sans réponses adéquate de la direction aux grévistes, loin d’être terminée ou du moins risque de se répéter indéfiniment.

Sources :
Http// :www.lemonde.fr, édition de 6 novembre 2006
Le Monde, édition du 31 octobre 2006

Laurence THIEULLET