Trois semaines après l’acquisition très médiatique du site YouTube, Eric Schmidt, PDG de Google, entame un « bras de fer » financier avec les groupes de médias à propos de la fourniture de contenu sur YouTube.
Ce site rassemble un réseau de 100 millions d’usagers qui mettent en ligne leurs propres séquences et qui en plus utilisent le site pour échanger des fichiers musicaux et vidéos. Cependant, les droits des contenus de ces fichiers appartiennent à des artistes et des majors qui n’ont pas consenti d’autorisation pour leur utilisation. YouTube se trouve ainsi dans le collimateur des grands groupes médias, notamment les ligues sportives qui n’apprécient pas que les droits de diffusion ne soient pas respectés.
Google appréhende donc beaucoup la réaction des grands groupes médias. Le moteur de recherche négocie des accords pour ne pas voir YouTube se « napsteriser » et subir par la même des sanctions judiciaires susceptibles de faire fuir les internautes.
Ces grands groupes, bien qu’en concurrence directe avec Google, sont conscients qu’il serait contre-productif de se mettre à dos le « public internaute » et consentent graduellement à une forme de gratuité. « Les majors ont mis quelques années à comprendre les mutations du marché, mais elles sont aujourd’hui dans une logique de partenariat avec les nouveaux médias » remarque Daniel Rappoport, directeur des opérations du site Dailymotion. Il s’agit de conclure des accords visant le partage des revenus publicitaires qu’engendrent les contenus en ligne sur YouTube et de « monétiser l’audience » via la publicité.
Warner en est le premier exemple, échangeant l’écoute de musique et le visionnage de clips vidéos contre une part des revenus engendrés par la publicité. Du côté de la télévision, NBC fait la promotion de ses séries et CBS autorise le visionnage d’une partie de ses programmes en contrepartie de l’engagement de YouTube de filtrer les contenus illicites.
Source : Le Monde, samedi 4 novembre 2006
Hugues FERRANDO