LA JOURNALISTE ET LA CENSURE

Raphaëlle Picard, jeune journaliste à l’AFP, est frappée depuis plusieurs semaines d’une
« interdiction professionnelle ».
Cette décision a été prise par la police et la justice du département des Yvelines suite à un reportage réalisé par l’intéressée dans le quartier des Musiciens aux Mureaux, le 4 octobre 2006, intitulé « La colère des “perquisitionnés par erreur” dans une cité des Mureaux ».
Pourtant, conformément aux règles rédactionnelles imposées par l’AFP, l’article en question est emprunt d’une rigoureuse objectivité, exempt de tout commentaire personnel de l’auteur et de tout parti pris ; il témoigne des coulisses d’une opération de police dans un quartier sensible de la banlieue parisienne.
Curieusement, la réaction de la police départementale, porte-parole dans cette affaire du ministère de l’Intérieur, ne s’est pas faite attendre puisque son directeur adjoint a accusé la journaliste de « malhonnêteté intellectuelle », alors que le directeur de la sécurité publique a estimé, quant à lui, « qu’elle n’avait pas pris soin de vérifier auprès de la police ».
Cela signifierait-il qu’en dehors des cas autorisés, tout travail journalistique ayant attrait aux interventions des forces de l’ordre en banlieue serait nul et de nul effet et même passible de sanction ? La police serait ainsi la seule dépositaire de l’encadrement du travail en cause, décidant à quel moment, en quels lieus et à quelles conditions il pourra s’exercer.
Face à ce contrôle d’un nouveau genre, quelle place reste t-il à ces libertés dites fondamentales que sont la liberté de la presse, le droit d’informer et le droit à l’information ?
Le Syndicat Autonome des journalistes, rejoint par le SNJ-CGT, le SNJ, FO, la CFDT et la Société des rédacteurs de l’AFP, pose la question et envisage toutes modalités d’action pour faire cesser cette atteinte aux droits.
Car il semble que Raphaëlle Picard a été crucifiée pour servir d’exemple afin de prévenir les journalistes que, désormais, bien travailler signifie travailler en accord avec le ministère de l’Intérieur.


Sources
:
– www.acrimed.org
– http://rezo.net
– http://fr.news.yahoo.com/04102006/202/la-colere-des-perquisitionnes-par-erreur-dans-une-cite-des.html

Maïlis BONNEAU