LIBÉRATION OU LE CHEVAL DE BATAILLE DU PARTI SOCIALISTE

Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, a annoncé que « la disparition de Libération serait un jour noir pour le mouvement des idées dans notre pays » et que le premier ministre Dominique de Villepin devrait se saisir de l’avenir du journal.

Suite à la suppression, le 8 novembre dernier, d’une centaine d’emplois au sein de l’entreprise de presse, plusieurs personnalités politiques du parti socialiste se sont engagées pour le journal afin de le défendre. Le porte-parole de Ségolène Royal, Arnaud Montebourg, dans une interview au Monde, a affirmé son soutien au plan présenté par la Société civile des personnels de Libération (SCPL) et Edwy Plenel qui, rappelons-le, est l’ancien directeur de la rédaction du Monde et le coauteur d’un livre d’entretiens avec le premier secrétaire du PS, François Hollande.

L’avenir de Libération ne serait-il pas tombé entre les mains des politiques du PS qui en feraient alors un de leurs enjeux politiques pour la prochaine campagne électorale ? Arnaud Montebourg dénonce les manipulations de Nicolas Sarkozy qui ne permettent pas de résoudre le problème actuel à Libération et empêchent la constitution d’un journal engagé à gauche pour la campagne électorale.

Arnaud Montebourg voit dans la substance des médias actuels une « berlusconisation des médias français » car il déplore l’appartenance des médias à des groupes industriels tels Martin Bouygues pour TF1 et Arnaud Lagardère pour Le Monde. De même, Laurent Fabius, lors du débat télévisé des trois candidats à l’investiture socialiste, a annoncé que s’il était élu Président de la République, il demanderait à ces groupes de choisir entre l’armement ou les médias.

Anne Hidalgo, adjointe au maire (PS) de Paris Bertrand Delanoë et secrétaire nationale chargée de la communication et des médias au PS, préconise un plafonnement des recettes publicitaires à la presse gratuite car celle-ci pose un vrai problème pour les journaux ainsi qu’une garantie des aides aux journaux réellement indépendants.

Dans tous les cas, le projet de loi de finances pour 2007 prévoit 274 millions d’euros pour aider la presse mais également des dispositions fiscales d’incitation à l’investissement dans la presse quotidienne d’information politique et générale, à laquelle appartient Libération. Reste à savoir si cela suffira à sauver le journal qui, pour l’instant, n’est pas en si bonne posture.

Source : http://www.lemonde.fr
Caroline BOSCHER