LE « QUALIMAT », NOUVEL INSTRUMENT DE MESURE AUDIOVISUEL

Jusqu’à présent, l’audience représentait une mesure satisfaisante de la popularité des chaînes télévisées. Calculée par l’institut Médiamétrie, elle s’appuyait sur des sondages réalisés auprès d’un nombre déterminé de foyers représentatifs de la population française, par l’intermédiaire de télécommandes spéciales, signalant notamment la présence d’un téléspectateur devant son écran ainsi que la chaîne regardée.

L’hebdomadaire « Télé 7 jours » en collaboration avec l’institut NPA conseil ont cru bon d’instituer un nouvel instrument de mesure audiovisuel se basant sur une étude non plus quantitative relatant les émissions les plus regardées mais sur une étude qualitative des chaînes traditionnelles : le « Qualimat ». Cette notion pourrait paraître a priori très subjective, mais au contraire, elle s’appuie sur des critères objectifs tels que le respect de l’horaire annoncé, les déprogrammations, les rediffusions ainsi que les dépassements de volume sonore lors des spots publicitaires.

En effet, l’enquête qui a été effectuée sur les mois de septembre et d’octobre révèle que la palme du respect de l’horaire annoncé a été remportée par France 3, n’ayant commis qu’un seul dépassement. Sa compagne du secteur public, France 2, a quant à elle, été la plus mauvaise élève de cette catégorie ainsi que de celle des déprogrammations. Concernant les rediffusions, Canal + et TF1 réalisent le meilleur score en terme d’inédits, loin devant France 3. Quant à la variation du volume sonore entre la fin d’un programme et le début d’une publicité, Canal + n’a pas opéré de dépassement singulier en ce domaine, contrairement à TF1.

À ne pas s’y méprendre, le « Qualimat » s’apparente davantage à une mesure permettant de contrôler le respect à la fois des grilles de programmes et de la réglementation y attelant plutôt qu’à une mesure servant à apprécier qualitativement le contenu des émissions. La notion de variations du volume sonore d’un écran publicitaire, pour ne prendre que cet exemple, trouve son fondement à l’article 14 du décret du 27 mars 1992 : « Le volume sonore des séquences publicitaires ainsi que des écrans qui les précèdent et qui les suivent ne doit pas excéder le volume sonore moyen du reste du programme. ». Traditionnellement, les violations de cette disposition sont constatées par le CSA, compétent en ce domaine. Ainsi, dans une décision rendue le 23 mai 2006, l’autorité de régulation procède à une mise en garde de M6 et à l’envoi de lettres à destination de TF1 et de France 3.

Il est à douter de la pertinence et de l’efficience de ce nouvel instrument de mesure mis en place par « Télé 7 jours » et NPA conseil. A moins que le Qualimat assiste le CSA dans ses missions de régulation, l’intérêt d’une telle mesure n’est pas apparent. Son objectif n’est pas clair car, à l’opposé des résultats de l’Audimat qui ont pour conséquence de supprimer ou de reconduire une émission à moyen terme, le Qualimat ne semble pas avoir de conséquences directes sur les chaînes.
Sources :

Décret n° 92-280 du 27 mars 1992
http://www.csa.fr/actualite/decisions/decisions_detail.php?id=117536 (le 09/12/06)
http://www.france2.fr (le 09/12/06)
Emmanuelle EURIEULT