ACCORD DE COPRODUCTION ENTRE LA FRANCE ET LA COREE DU SUD

La France et la Corée du Sud ont signé le 27 octobre 2006 à Séoul un accord de coproduction cinématographique. Il s’agit du premier pays d’Asie du Sud-Est avec lequel la France conclut un tel accord.

Suite à un premier accord de coopération en 2002, le Conseil coréen du film et le Centre national de la cinématographie avaient engagé de nouvelles négociations. Celles-ci ont duré quatre longues années, en partie en raison de la pression exercée par les Etats-Unis. Ceux-ci exigeaient, dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (principe de l’accès au marché), que la Corée du Sud réduise ses contingents à l’écran réservés aux films nationaux. Cette mesure protectionniste permettait au cinéma coréen d’être jusqu’ici l’un des plus actifs d’Asie du Sud-Est. Entre 1993 et 2005, sa part de marché national a triplé. Un compromis bilatéral entre la Corée du Sud et les Etats-Unis a finalement été trouvé en juillet 2006 : les quotas ont été abaissé de 40 % à 20 %.

Les professionnels coréens se sont fortement inquiétés « que l’attitude coréenne [ne] serve de mauvaise exemple, contribuant à soumettre la culture aux lois économiques dans les relations régionales ou bilatérales » (1). Les pouvoirs publics ne sont pas restés insensibles à ces craintes. Pour faire face à un éventuel fléchissement du cinéma national face au poids du cinéma états-unien, de nouvelles aides aux salles d’art et d’essai ainsi qu’à la production et à l’exportation des films ont été mises en place. Elles seront notamment financées par une augmentation de 5 % du prix des entrées en salle.

Le frein posé par les Etats-Unis étant levé, la France et la Corée du Sud pourront, dans le cadre du nouvel accord signé, engager des coproductions donnant aux films la double nationalité. Les films franco-coréens pourront prétendre aux financements réservés traditionnellement aux films nationaux dans chacun des deux pays. Ils seront considérés comme français en France, et coréen en Corée du Sud. De plus, leur exportation sera facilitée. Via cette nouvelle politique d’ouverture, la Corée du Sud ambitionne de faire passer sa part de marché sur le cinéma mondial de 1,6 % à 3 %.

(1) Déclaration adoptée en commun par des professionnels coréens et européens lors du festival de Cannes de 2006. Cité dans Les cahiers du cinéma, n° 613, juin 2006.
Sources :
Lettre du CNC, n°39.
Le film français, n°3170 et n°3178.

Laurent Fournier