LES FAI DEMANDENT LEUR MAIN AUX EDITEURS DE MUSIQUE: NEUF TELECOM ET FREE OUVRENT LE BAL

Le mariage n’est pas consommé mais des progrès sont en cours. Après s’être ignorés pendant de nombreuses années, les fournisseurs d’accès Internet (FAI) et les éditeurs de musique se concertent afin de permettre aux Internautes un accès gratuit à la musique.
Neuf Telecom a ouvert la voie le 20 août en proposant (en partenariat avec Universal Music) des téléchargements gratuits et illimités de musique avec son abonnement tout compris «téléphone, internet, télévision» à 29,90 euros.
Free a, quant à lui, mis en avant le site Deezer.com, anciennement blogmusik.net, qui permet l’écoute en ligne du répertoire de la SACEM.
Orange est à ce jour « en pleine discussion avec tous les majors de l’industrie musicale », discussion qui devrait aboutir début 2008.
Alice enfin devrait être prêt en ce domaine d’ici la fin de l’année.

Dans un contexte d’effondrement du marché du disque (-40% en 5 ans), l’enjeu est de réduire le téléchargement illégal tout en proposant une offre suffisamment attractive. Le gouvernement a confié en ce sens au PDG de la FNAC D.Olivennes une « mission sur la lutte contre le téléchargement illicite et pour le développement de l’offre culturelle légale sur Internet » (dont les conclusions devraient être rendues fin novembre).
Il est en effet urgent de trouver des solutions pratiques, non seulement légales mais également viables économiquement, afin de répondre aux nouveaux usages des Internautes, à leur besoin de gratuité (tout du moins contre paiement forfaitaire et modéré), d’illimité, de mobilité enfin.

A ce titre, l’offre de Neuf Telecom apparaît de facto limitative. En effet, si le catalogue d’Universal est accessible pour tout (avec une majoration de 4,99 euros par mois) ou partie, les morceaux téléchargés ne peuvent être lus que pendant la durée de l’abonnement.
En outre, les mesures de protection choisies (DRM – Digital Right Management) sont incompatibles avec bon nombre de lecteurs mp3 dont les Ipod (qui représentent 40% du marché).

Quant à l’offre proposée par Free, le site Deezer.com ne permet pas de télécharger des musiques mais seulement une écoute en ligne (ou streaming). L’achat du titre est ensuite possible par un lien Itunes.

Mais le modèle économique choisi est très pertinent, puisque les artistes et les éditeurs de musique sont rémunérés par la publicité qui défile assez discrètement sur le site.
A ce jour, un accord a été signé pour élargir le répertoire de Deezer à celui de Sony-BMG, soit plus de 165 000 morceaux supplémentaires.
Des discussions sont en cours avec Universal Music qui reproche au site d’utiliser des morceaux sur lesquels la société détient un droit voisin en tant que producteur.
Les fondateurs du site négocient également avec d’autres majors comme EMI ou Warner, mais aussi avec la SPPF (Société civile des producteurs de phonogrammes en France).
Avec déjà plus d’un million d’utilisateurs inscrits, on peut envisager que dans les mois qui viennent les recettes publicitaires soient suffisantes à négocier des possibilités de téléchargement.
Une manière bien audacieuse de contourner en pratique l’interdiction de la licence globale posée par la loi DAVSI (droits d’auteur et droits voisins dans la société de l’information) du 1er août 2006.
Sources:

www.01net.fr, K. SOLOVIEFF, article du 20 août 2007.
www.lemonde.fr, J. MORIO, article du 11 septembre 2007.
www.lesechos.fr , article du 10 octobre 2007.
www.freenews.fr
www.neufmusic.fr
www.deezer.com
Alexandra ZWANG