A moins d’un an des Jeux olympiques de Pékin, Reporters sans Frontières dénonce une nouvelle fois la répression exercée par la Chine sur Internet.
Selon un rapport d’enquête assez alarmant d’octobre 2007, RSF dénonce la censure chinoise de la liberté d’expression sur la Toile. Technologies de filtrage, censure par mots-clés, surveillance par la Cyberpolice, directives propagandistes… viennent limiter de manière drastique la liberté promise par le réseau, et pourtant garantie par la Constitution chinoise.
La Chine érige de fait une nouvelle « grande muraille virtuelle » qui tend à étouffer dans l’œuf ce nouveau canal pour une expression indépendante.
Les Etats ont en effet vite compris le danger que représentait Internet pour la « stabilité de leurs régimes ». Ainsi, l’ONI – OpenNet Initiative, constate « qu’il y a cinq ans, le filtrage d’Etat était constaté dans quelques pays. [Maintenant on peut porter ce chiffre au moins à 25]. Il y a une augmentation du champ et de la sophistication de ce filtrage. »
Le rapport annuel de RSF, publié en octobre 2007, classant les pays selon leur degré de liberté d’expression, met ainsi en évidence que plusieurs pays reculent « en raison de violations graves et répétées la libre circulation d’informations sur le Web ». L’Erythrée, la Corée du Nord, le Turkménistan sont épinglés, mais également la Russie, seul membre du G8 où les droits et garanties des journalistes n’ont pas progressé.
Outil essentiel de la vie démocratique (comme on a pu le voir lors des dernières élections présidentielles françaises), Internet est devenu la cible des Etats à tendance autoritaire, lesquels mettent tout en œuvre pour empêcher la circulation d’idées jugées dangereuses.
Les autorités de certains pays (Arabie saoudite, Egypte, Iran, Tunisie…) s’assurent ainsi la collaboration des entreprises de télécommunications, des grandes sociétés informatiques mondiales « pour contrôler les chats, supprimer des blogs, brider des moteurs de recherche, bloquer l’accès à des sites », ainsi que le souligne I. Khan, secrétaire générale d’Amnesty International.
Encore dernièrement, on a pu constater en Birmanie que, suite aux manifestations de septembre 2007 et à la répression qui s’en est suivie, plusieurs journaux privés ont été suspendus et Internet a été coupé ; officiellement à cause d’un « câble sous-marin endommagé ».
En réponse à la « traque » dans certains Etats des cyberdissidents, les internautes se mobilisent et essaient de mettre au point des dispositifs de contournement de la censure :
– systèmes de contournement en ligne (pages Web affichant un formulaire qui permet aux utilisateurs de saisir simplement une adresse URL et de laisser le système récupérer puis afficher le contenu de la page demandée) ;
– serveurs proxy (qui agit comme tampon entre le client et le serveur);
– logiciel de contournement en ligne (technologie de crytage par exemple comme le protocole SSL (Secure Sockets Layer) ;
– VPN – Virtual Private Network (réseau privé virtuel entre la machine de l’internaute et un serveur distant) ;
– Systèmes de communications anonymes ;
– etc
Il faut toutefois noter que toute tentative de contourner les dispositifs de censure mis en place est un acte puni par la loi dans un pays comme la Chine.
Selon Amnesty International, qui a également dénoncé la censure du Web dans un rapport annuel en mai 2007, « Internet représente la nouvelle frontière dans la lutte pour le droit à la dissidence ».
Alexandra ZWANG
Sources :
www.rsf.org
– Reporters sans frontières et CHRD –Chines Human Rights Defenders, « Chine, Voyage au cœur de la censure d’Internet », Rapport d’enquête octobre 2007.
www.lemonde.fr
– AFP, « Liberté de la presse : RSF épingle l’Erythrée et la Russie », article du 17 octobre 2007.
– S.KAUFFMANN, « Etats conte cyberdissidents », article du 29 août 2007.
– O.DUMMONS, « Internet est toujours censuré dans au moins 25 pays », article du 21 mai 2007.
www.lci.fr
– Agence, « Censure sur l’information en Birmanie », article du 28 septembre 2007.