LE TELEPHONE MOBILE DEVIENT MOYEN DE PAIEMENT

Depuis quelques jours, Caen et Strasbourg, ont mis en œuvre l’opération “Payez mobile”. Celle-ci permet à quelques 1 000 testeurs, répartis entre les deux villes, de régler leurs achats en passant simplement leur mobile devant une borne prévue à cet effet. Pour les achats de moins de vingt euros l’utilisateur n’a même pas à saisir son code secret. Ce test grandeur nature, d’une durée de six mois, s’effectue en partenariat avec deux cents commerçants, et est unique sur le territoire français. Le système a pu être mis en place grâce à la collaboration de six banques (BNP Paribas, Crédit Mutuel-CIC, Crédit Agricole et LCL, Société Générale, La Banque Postale et le Groupe Caisse d’Epargne) et quatre opérateurs de téléphonie mobile (Bouygues Telecom, Orange, SFR et NRJ Mobile) ainsi que de l’appui de Visa Europe et de MasterCard World-wide. L’application de paiement est installée dans la carte SIM des clients et fonctionne à distance grâce à la technologie Near Field Communication (NFC). Cette norme sans fil, créée par Sony et Philips, permet de transférer des données à une vitesse pouvant atteindre 424 Kbps, sur une distance maximum de 10 cm.

Le choix de ces deux villes pour la mise en place de ce dispositif s’est naturellement imposé. En effet, Caen héberge le pôle de compétitivité « transactions électroniques sécurisées » (TSE). Véritable laboratoire français pour le développement d’un standard de paiement, ce pôle associe entreprises, centres de formation et de recherches, travaillant de concert autour du développement des TSE. Pour sa part Strasbourg envisage d’ores et déjà d’amplifier le projet.

Ce nouveau système doit permettre de simplifier le paiement des achats courants chez les petits commerçants. Les clients d’Orange pourront aussi ouvrir des barrières de parkings, ou télécharger des informations touristiques dans plusieurs points de la ville. Ce projet va ainsi permettre de mesurer l’engouement pour ce type d’applications et d’anticiper les éventuelles réticences des futurs utilisateurs pour pouvoir y remédier. D’un point de vue plus technique les acteurs du projet souhaitent tester l’interopérabilité des différents systèmes proposés par les industriels. Le système participe déjà de l’élaboration des standards EMV (Europay, Mastercard, Visa) de paiement sans contact sur mobile. A terme cela pourrait également influer sur l’adoption de cette solution comme standard international, les responsables du projet tablant sur le fait que les banques et les opérateurs de téléphonie français sont très présents au niveau européen.

Et les initiateurs du projet de se réjouir, à l’image de Mung-Ki Woo, porte-parole de l’opération, qui déclarait lors de l’inauguration : « On va pouvoir réunir dans cette technologie les fonctions de la carte de paiement et de banque à domicile. Nous avons ici en France l’expérimentation la plus avancée de toute l’Europe ». Ses collaborateurs et lui estiment par ailleurs, que d’ici à 2012, plusieurs millions de français pourraient se tourner vers ce moyen de paiement. L’avenir nous dira si cette énième fonctionnalité des téléphones mobiles, emportera ou non, l’adhésion des consommateurs français.

Christelle CARTIER