L’heure est à l’inquiétude chez les syndicats de journalistes : une privatisation de l’Agence France Presse (AFP) est envisagée.
Cette information fait suite aux propos tenus par le P.D.G. Pierre Louette, qui s’est dit favorable à une évolution du statut lors de son intervention sur BFM le 4 décembre. Il est en effet souhaitable, selon lui, de « préparer une évolution du statut » de l’AFP.
Pourquoi un tel changement ? Le PDG explique que, selon lui, certains aspects du fonctionnement de l’institution sont dépassés. Ce qu’il souhaite : « permettre à l’agence d’asseoir complètement son développement, peut-être avec un actionnaire très solide à déterminer, peut-être dans un contexte européen »
Les syndicats de l’AFP ont immédiatement réagis à ces propos : selon eux, le PDG parlais bien d’une privatisation.
Jusqu’à présent, l’AFP bénéficiait d’un statut unique dans le domaine de l’information. En vertu du statut de l’Agence, qui date d’une loi du 10 janvier 1957, l’AFP n’est ni un organisme public, ni une société privée. Elle ne dispose pas de capital et n’est pas dotée d’actionnaires. Elle est contrôlée par un conseil supérieur et une commission financière. Elle possède également un conseil d’administration avec un PDG. Le statut de 1957 pose l’indépendance rédactionnelle de l’agence.
Ce statut hybride ne va pas sans poser de problèmes selon Pierre Louette qui a notamment mentionné le besoin actuel de l’Agence de 20 millions d’euros pour « financer une révolution informatique profonde ». Et il estime que « rester sans actionnaire et avec une difficulté à lever de l’argent quand on en a besoin est assez difficile ».
Notons également que cette déclaration arrive à un moment clé pour l’AFP: elle est actuellement en négociations avec l’Etat sur ses engagements : il s’agit des négociations du prochain contrat d’objectifs et de moyens (COM) avec l’Etat pour la période 2008-2012.
Le PDG avait pourtant toujours affirmé qu’il ne voulait pas changer le statut. Ses dernières déclarations font craindre aux journalistes qu’il ne soit contraint d’accepter une révision du statut en contrepartie d’engagements financiers de l’État
D’où l’inquiétude grandissante dans le milieu de la presse au sujet de l’indépendance de l’AFP.
Les différents syndicats (La CGT, le SNJ, la CFDT, FO et Sud) refusent que « le statut soit pris en otage par le COM ». Ils demandent aux salariés de « se tenir prêt pour toute action ».