LA RADIO NUMERIQUE, C’EST PARTI !

Plus de deux ans après le lancement de la télévision numérique terrestre (TNT), le passage à la radio numérique terrestre (RNT) est désormais bien engagé. La ministre de la Culture, Christine ALBANEL a, en effet, signé, le 5 décembre 2007, l’arrêté désignant la norme retenue par le gouvernement pour la diffusion de la radio en numérique, la norme T-DMB. Elle a ainsi souhaité donné « le coup d’envoi de la radio numérique pour que celle-ci arrive d’ici un an dans tous les foyers français », tout en répondant à une très forte attente. Cela va permettre aux industriels et aux groupes de radios de se lancer dans la fabrication des nouveaux équipements nécessaires à ce mode de diffusion. La RNT va notamment permettre une meilleure qualité de réception, la possibilité de mettre en pause une émission puis de la reprendre (time shifting) ainsi qu’une meilleure exploitation du spectre hertzien.

Ce choix inquiète les radios indépendantes et associatives qui soutenaient majoritairement la norme DAB+. Cette dernière était engagée dans une véritable guerre contre T-DMB. Vingt-quatre radios (Ouï-FM, Nova, RFI…) avaient ainsi choisi DAB+ pour des tests menés sur Nantes. Cette dernière est moins gourmande en bande passante et aurait permis « de caser davantage de fréquences dans le paysage radiophonique. », explique Pierre BOUCARD, directeur de Sun FM, une radio locale nantaise.
Le T-DMB, quant à lui, était soutenu par le puissant Groupement pour la radio numérique (GRN) qui regroupe les grands groupes de radios français tels que Lagardère, RTL ou NRJ, ce groupement représentant environ 85% de l’audience nationale. Cette norme nécessite des équipements beaucoup plus coûteux que le DAB+ ce qui explique la réticence des petites stations. Mais elle a pour avantage de permettre la diffusion d’un véritable contenu multimédia, en plus du son, sur un écran dont seront équipés les futurs récepteurs radios. Il sera ainsi possible de présenter la pochette du disque diffusé à la radio et son prix, de promouvoir des concerts, ou encore d’offrir des services comme la météo . Le DAB+, lui ne permettait que la diffusion de caractères. Pierre BOUCARD craint que le choix du T-DMB permette « aux grands réseaux nationaux d’écarter les nouveaux entrants et les radios les plus fragiles ». Le gouvernement tente, toutefois, de rassurer les « petites » radios. Il a annoncé qu’un fonds spécial devra être créé pour aider ces dernières à passer au numérique. Pour Christine Albanel, « le gouvernement portera une attention toute particulière aux acteurs les plus fragiles […] qui ne doivent pas rater ce tournant essentiel, faute de moyens ». Rachid ARHAB, conseiller chargé de la RNT au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’appuie en déclarant qu’ « il n’est pas imaginable que des radios disparaissent en raison de la numérisation ».

Cet arrêté n’est toutefois que la première pierre de l’édifice. Le dossier va maintenant partir en direction du CSA. Celui-ci va lancer, début 2008, un appel à candidatures en vue d’attribuer les fréquences déjà disponibles. Ce premier niveau de couverture sera complété, en 2011, par des fréquences obtenues avec la fin de la diffusion de Canal+ en mode analogique. Aucune date n’est encore fixée quant à la fin de la radio FM, contrairement à la télévision pour laquelle la fin de l’analogique est prévu en 2011. Il sera , par ailleurs, nécessaire d’acquérir. un nouveau récepteur pour profiter de la RNT. Dans un premier temps, ce seront sans doute les téléphones portables et baladeurs qui feront office de récepteurs. Il reste à éspérer que la RNT connaîtra un plus grand succès qu’en Espagne ou en Allemagne, où l’accueil du public a été plutôt mitigé.

Comme le rappelle Rachid ARHAB, « On a fait le plus dur…Il reste le plus difficile à faire ».
Sources :
www.lemonde.fr
www.infos-du-net.com
Sébastien CAVAILLES