STATION RIPPER : LE VERITABLE CAUCHEMAR DE L'INDUSTRIE DU DISQUE ?

C’est sans doute le véritable cauchemar de l’industrie du disque. Pour certains, le peer-to-peer n’est que le sommet émergé d’un iceberg qui peut faire noyer le Titanic du droit d’auteur actuel. En effet, il existe des rocs plus solides et même plus dangereux que les Emule, Kazaa et autres. On peut dire que StationRipper est de ceux-ci.
Le logiciel créé, au début des années 2000, par l’américain Greg Ratajik permet en effet d’accumuler sur son disque dur des centaines d’heures de musique au format MP3, quasiment sans le moindre effort, et surtout…dans une relative légalité ! Relative en effet car nous verrons que ce principe en France ne respecte pas certaines obligations.

Quel est le principe ? Il est très simple. Il existe actuellement plusieurs dizaines de milliers de stations de radios qui diffusent de la musique en permanence sur internet. Jusqu’à la fin des années 90, il était encore très répandu d’enregistrer des émissions sur des cassettes audio, et même si la qualité n’équivalait pas celle des disques, les auditeurs s’en contentaient facilement.
StationRipper reprend donc simplement le même principe, mais adapté à l’ère numérique avec toutes ses implications.

Les implications sont les suivantes. Le logiciel de Ratajik permet d’enregistrer en direct jusqu’à 300 stations de radio simultanément soit l’équivalent de 300 magnétophones ! Ce qui est intéressant et inquiétant pour les maisons de disque, c’est que les flux de radios sur internet ( ou « streams » en anglais) ne sont en réalité que de simples fichiers MP3 mis les uns à la suite de l’autre, et enregistrés comme tels sur le disque dur par StationRipper.

StationRipper a pour lui plusieurs avantages. Non seulement, il permet de choisir des stations radios selon ses goûts musicaux mais il crée automatiquement des dossiers selon les différentes stations et si ces dernières passent la même chanson à des heures différentes, pas de problème ! StationRipper repère le doublon et n’enregistre pas deux fois la même chanson. De la même manière, si l’utilisateur décide d’effacer un titre sur son disque dur, StationRipper n’enregistrera pas de nouveau le titre.

En ce qui concerne l’état des lieux de la législation française. En France, la loi dispose que les ayants droits d’une chanson ne peuvent interdire « les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective ». Donc, un auditeur de radio peut enregistrer un titre tant qu’il demeure le seul bénéficiaire.
Le peer-to-peer utilise le principe du upload, c’est-à-dire la mise en partage des fichiers téléchargés, qui est illégal car ne constituant pas une copie privée pour le seul usage privé de la personne qui télécharge.
Avec StationRipper, l’enregistrement d’une radio MP3 consiste seulement dans le téléchargement et non au upload. La seule personne à mettre à la disposition la musique auprès des utilisateurs est la station de radio, qui est censée avoir payé ses droits de diffusion à la SACEM ou à son équivalent national dans les autres pays. Mais pour les détracteurs de StationRipper, c’est bien là le problème et sûrement ce qui fait l’illégalité du système : les stations américaines contenus dans le système n’ont pas toute fait cette démarche et en particuliers en France.
Certains utilisateurs affirment quant à eux que ce système leurs permet d’écouter de nouveaux artistes et d’inciter à l’achat de disques.
L’inventeur du logiciel avoue même : « Le résultat n’est pas toujours génial, parfois les animateurs parlent par-dessus la musique, ou il manque la fin de la chanson, donc je finis par acheter les enregistrements que j’aime », le système permet d’ailleurs en un clic d’acheter la musique écoutée.
L’avenir et le statut de ce nouveau système sont encore mal définis. Toutefois, pour certains observateurs, il pourrait bien devenir le nouveau Emule. Il comptait en 2006 plus d’un million d’utilisateur et ce chiffre n’est pas prêt de diminuer.
Sources :

www.journaldunet.com
Ratatium Magazine, n°1, décembre 2004.
Maïssara MRADABI