LA SUPPRESSION DE LA PUBLICITE SUR LES CHAINES PUBLIQUES COMPENSEE PAR UNE TAXE.

La déclaration du Président Nicolas Sarkozy a fait l’effet d’une bombe dans le milieu de l’audiovisuel : il souhaite en effet la suppression totale de la publicité sur les chaînes de télévision publiques afin de permettre une réalisation optimum des missions de service public. Car selon lui, la publicité est un obstacle à la réalisation des missions de service public des chaînes publiques, celles-ci étant actuellement soumises aux pressions de l’audimat.
Mais cette éventuelle suppression engendrerait une perte d’environ 766 millions d’euros (montant des recettes publicitaires de France Télévisions en 2006), perte inacceptable pour un service public télévisuel dont les résultats sont déjà bien moroses.

Pour combler ce déficit, le 8 janvier dernier, lors de l’annonce de son projet de suppression de la publicité sur les chaînes du groupe France Télévisions, Nicolas Sarkozy évoquait une taxe sur les recettes publicitaires des chaînes privées, à laquelle devait s’ajouter « une taxe infinitésimale sur le chiffre d’affaires de nouveaux moyens de communication, comme l’accès à Internet ou la téléphonie mobile ».
Ainsi, le gouvernement envisage, selon le quotidien économique Les Echos, la mise en place d’une taxe sur les produits d’électronique grand public capables d’afficher la télévision. Cette extension de la redevance TV pourrait donc toucher les téléviseurs, mais également les ordinateurs ou les téléphones mobiles.
Or, les consommateurs et les fabricants, à peine remis de la redevance pour la copie privée, vont avoir à faire à une nouvelle taxe, laquelle risque inexorablement de susciter une nouvelle grogne.

Afin de répondre aux attentes des différents protagonistes et d’éclairer quelques points, Christine Albanel, la ministre de la Culture et de la Communication, rappelle que “Nicolas Sarkozy a parlé de taxes infinitésimales, c’est-à-dire que jamais on ne dépasserait un maximum de 1%”.
Par conséquent, cette taxe serait très faible ; mais en admettant qu’elle soit bien de 1%, le consommateur souhaitant acquérir un écran plasma à 1000 euros devra débourser 10 euros pour le financement du secteur public télévisuel. Le principe a de quoi faire réfléchir…
La ministre de la Culture a par ailleurs évoqué d’autres hypothèses pour combler la perte : une taxe sur la téléphonie mobile et sur les fournisseurs d’accès à Internet, ou encore une taxe sur les recettes publicitaires des chaînes privées…
Quoiqu’il en soit, on le voit bien, cette annonce du Président de la République a entraîné une multitude de conséquences : pour faire fonctionner le service public télévisuel, cette suppression de publicité risque de concerner outre le secteur privé télévisuel, les constructeurs d’appareils multimédias, les fournisseurs d’accès à Internet et bien entendu, les consommateurs.

Le fin mot de l’histoire est attendu pour les mois à venir, avec une précision définitive sur le montant de cette taxe (qui restera « infinitésimale ») et sur les acteurs concernés. Mais dans le monde de la finance, cette annonce de suppression de la publicité a rapidement entraîné une hausse des actions des deux principales chaînes de télévision (privées) qui ont progressé de 9,94% pour TF1, et 4,49% pour M6 (progression enregistrée le lendemain de l’annonce du Président Sarkozy). Dès lors, peut-on dire que cette mesure vise à renforcer l’indépendance et la compétitivité du service public télévisuel ?

Arnaud QUILTON