La Ligue de football professionnel (LFP) et son président, Frédéric Thiriez, à l’occasion de l’appel d’offres pour les droits de retransmissions de la Ligue 1 sur la période 2008-2012, ont présenté douze lots. Ce total est le triple de ce que la LFP avait proposé il y a trois ans dans un schéma simpliste, trop simpliste pour qu’il soit à nouveau reconduit.
A l’époque, la Ligue avait mis sur la table quatre lots – à savoir la journée du samedi, la “grande affiche”, le magazine Jour de Foot, et les deux autres matches décalés – qui s’étaient vendus séparément. Quatre lots que Canal+ s’était empressé de dévorer, à hauteur de 600 millions d’euros par saison, pour griller la priorité à TPS, alors concurrent aux dents longues de la chaîne cryptée. Seulement désormais, CanalSat et TPS ne font plus qu’un. Et la quatrième chaîne de France pouvait se rassurer avec la perspective d’une concurrence disparue, logiquement susceptible de faire baisser la future addition pour un spectacle qu’elle juge moindre.
Oui mais voilà, les têtes bien pensantes de la LFP et les plus éminents présidents de clubs de l’élite ont trouvé, avec cette répartition, un moyen de parvenir à leurs fins, à savoir obtenir 750 millions d’euros comme le réclame Jean-Michel Aulas, le patron de l’OL et vice-président de l’instance tricolore. La Ligue a notamment décidé de placer à de nouveaux horaires les rencontres de Ligue 1 lors des quatre prochaines saisons. Ainsi, cinq ou six matches seront disputés le samedi à 19h, deux ou trois se tiendront le dimanche à 15h et deux matches seront décalés les samedi et dimanche soirs, à 21h. A cela s’ajoute des lots surprenants, qui ne font qu’accentuer le sentiment d’incompréhension.
Deux nouveaux multiplex
En plus des deux habituels multiplex, lors des 37e et 38e journées, la LFP proposera deux nouveaux rendez-vous où toutes les rencontres pourront être suivies en simultané, à l’issue des matches aller (18e et 19e journées). Soit quatre multiplex, pour quatre lots… Une démarche purement stratégique qui oblige Canal+, si elle veut conserver une mainmise totale sur son produit phare, à dépenser moins sur chacun de ces douze lots. Donc à débourser plus. Le montant final du chèque ne sera connu qu’à la mi-janvier mais la chaîne cryptée, qui doit effectuer des coupes franches à hauteur de 200 millions d’euros dans son budget en 2010, a clairement affirmé son intention de ne pas se laisser piéger par la démarche commerciale de la Ligue de football professionnel.
Surtout, elle sait désormais, depuis le retrait annoncé d’Orange (qui avait un temps émis l’hypothèse d’une diffusion du Championnat sur ADSL) qu’aucun concurrent sérieux ne viendra lui souffler les lots qu’elle désire. Mais que deviendront ceux qu’elle ne juge pas opportun d’offrir à ses abonnés ? Si Canal+ décidait par exemple d’acquérir uniquement les droits de la journée du samedi après-midi, de son magazine du soir et de ce qu’elle a surnommé “le grand match” du dimanche soir, les autres lots seraient alors soumis à d’autres acheteurs. Et le téléspectateur de zapper entre toutes ses chaînes, payantes évidemment, pour pouvoir suivre un programme qui perdrait certainement en popularité et donc en intérêt. Mais la LFP a généralement réponse à tout et peut-être réservera-t-elle, dans les années à venir, deux lots dans le même match. Un pour chaque période.
Sources :
L’Equipe
AFP
Fabien Fournier