« Oui à l’invention d’une presse libre et nouvelle, sans lourdeurs ni dépendances, sans corporatisme ni élitisme, sans censure ni autocensure » : c’est par ce cri de guerre qu’Edwy Plenel a lancé son site Internet « Mediapart ». Il participe ainsi à l’aventure de l’information qualitative payante.
« Mediapart », le nouveau bébé tant attendu d’Edwy Plenel. L’ex-directeur de la rédaction du Monde a lancé le journal d’information généraliste en ligne en Mars 2008. Le concept est simple : délivrer une information de qualité, payante. Le lecteur s’abonne, à hauteur de 5 à 15€, pour avoir accès aux articles, aux sons et aux vidéos. Edwy Plenel va ainsi à l’encontre de la gratuité du web et du financement basé sur les annonceurs bien que les fondateurs n’excluent pas totalement d’avoir recours à la publicité pour la partie gratuite du site, qui présentera des résumés des contenus payants.
Deuxième caractéristique, comme son nom le laisse entendre, « Médiapart » est un média participatif, au même titre que Rue89 ou Agora Vox. Ses « journalistes vont animer des communautés de lecteurs et éditer les contenus qui nous seront fournis », explique Edwy Plenel. Les lecteurs vont pouvoir rédiger des articles, ce qui demande une vigilance permanente sur les commentaires de ces internautes. « La simple obligation de s’identifier pour poster un commentaire décourage déjà une partie des contributeurs “barbares” et fait chuter de manière mécanique le nombre de messages fâcheux ou sans intérêt », explique Benoît Thieulin, spécialisé dans l’internet participatif, qui a créé le site de Ségolène Royal, Desirdavenir, avant de faire profiter Mediapart de ses services.
4 millions d’€ : c’est la somme dont a besoin le site pour assurer son lancement. En quelques semaines, il a déjà attiré 3,2 millions d’investissements. Les fondateurs sont majoritaires (57%), les autres sont des particuliers, principalement des propriétaires de sociétés de nouvelles technologies, et la société des amis. Edité par Mediapart, SAS au capital social de 1,9 million d’euros, Mediapart.fr est conçu sous Drupal, un système open source de gestion du contenu, et a été réalisé par l’agence La Netscouade.
Le site se vante déjà de fournir « un contenu de qualité et des enquêtes réalisés par des journalistes reconnus ». La rédaction est composée de 25 journalistes, elle propose des articles accessibles aux abonnés, le tout pour 9 € par mois, « en standard », sans engagement de durée. Ces derniers accèdent également aux services associés (vidéos, plate-forme de blogs, explications des journalistes, etc.). Ils peuvent également produire des articles qui, eux, seront proposés en accès libre.
Mediapart souhaite séduire plus de 20.000 abonnés d’ici la fin de l’année et atteindre son seuil de rentabilité début 2011, avec 60.000 abonnés. Confiant, Edwy Plenel, directeur de la publication, veut « sortir de la logique d’audience qui domine actuellement sur Internet pour construire un lectorat fidèle, avec lequel se noue un lien affectif et identitaire ». Reste à voir si Plenel, qui connaît déjà bien les milieux de la presse écrite, de la radio et de la télévision relèvera ce nouveau défi.
Alexander Kengen
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