POLEMIQUE AUTOUR DE L'EMISSION «LES INFLITRES» SUR FRANCE 2

La fin justifie-t-elle les moyens?

Les Infiltrés, c’est le nom de l’émission diffusée en seconde partie de soirée sur France 2 le 22 octobre dernier, et présentée par David Pujadas.

Dans ce premier reportage intitulé «Maisons de retraite, une maltraitance ordinaire», une journaliste s’est glissée pendant plusieurs semaines dans la peau d’une aide-soignante stagiaire, et à l’aide d’une micro-caméra, a filmé le quotidien d’une maison de retraite.

Outre le fait que les images filmées nous ramènent malheureusement à une triste réalité, absence de moyens, absence de personnel ou pire encore, personnel non-qualifié, non-respect des règles d’hygiène et maltraitance passive … , cette émission a déclenché un tout autre débat.

Et ce n’est pas tant la fin mais les moyens mis en œuvre pour faire part au public de la détresse en maisons de retraite qui ont crée la polémique autour de cette émission.

En effet, le Syndicat National des Journalistes (SNJ) a immédiatement demandé dans un communiqué l’arrêt de l’émission; de nombreux journalistes s’interrogeant sur la déontologie et les pratiques développées dans ce nouveau magazine d’information; en invoquant le fait que l’utilisation de la caméra cachée doit être une «exception à l’exercice quotidien de la profession de journaliste», la possibilité de recueillir des informations par des moyens détournés devant relever de l’impossibilité de faire autrement.

De plus, selon le SNJ, bâtir un concept d’émission d’information sur l’utilisation d’une caméra cachée est à la fois «dangereux et choquant».

Certains vont même beaucoup plus loin, en ne considérant pas cette méthode comme du journalisme, mais comme une forme d’espionnage.

Le Synerpa (syndicat national de maisons de retraite privées) s’est d’ailleurs insurgé contre les «dérives journalistiques tendant à faire croire que les pratiques de maltraitance sont une généralité dans les maisons de retraite». Ce concept d’émission est par la suite dangereux dans le sens où, même floutées, les personnes mises en scène peuvent être facilement reconnaissables, et ainsi se retrouver dans des situations préjudiciables, car, comme cela a rapidement été le cas, la garantie d’anonymat a fait défaut.

Alors que le but premier de cette émission était de démontrer les failles d’un système en utilisant des caméras cachées pour ne pas porter atteinte aux personnes filmées, il semble que le concept ait montré ses limites dès la première émission.

Et même si ce n’est pas le principe même de l’utilisation de la caméra cachée comme pratique journalistique à part entière qui est remis en cause ici, le fait est que cette pratique doit être vue comme une exception aux principes classiques d’investigation.

C’est pour toutes ces raisons que le Syndicat National des Journalistes a demandé à la direction de France 2 de cesser ces émissions, dont six autres numéros, réalisés par l’agence Capa, étaient d’ores et déjà programmés.

Sources :
www.snj.fr
www.france2.fr
www.lemonde.fr
www.leblogtvnews.com

Eva CHAVARRO