…nommé par le Président de la République en Conseil des ministres.
Le PAF n’en a pas fini de se voir modifié. La réforme de l’audiovisuel public vient d’être adoptée le 17 décembre 2008.
Le nouvel épisode commence le 8 janvier dernier : lors d’une conférence de presse, Nicolas Sarkozy annonce sa volonté de supprimer la publicité sur les chaînes du secteur public.
La nouvelle surprend l’ensemble du monde politique, d’autant plus que quelques temps auparavant, dans une interview accordée au Monde, ce dernier « préférait plus de publicités plutôt qu’un service public dans l’incapacité de financer ses programmes ».
Voilà le point de départ d’une réforme qui s’annonce forte en changement et en émotion. Les réactions ont été rapides et animées : le personnel de France Télévisions et les politiques ont su montrer leur mécontentement.
Dix mois plus tard, l’annonce du Président prend véritablement forme.
Craignant de trop vifs et longs débats, le gouvernement a décrété la procédure d’urgence, censée rendre plus rapide le vote. Raté… Avec des parlementaires farouchement opposés au projet et de nombreux amendements, le débat s’est installé dans l’hémicycle.
Le 17 Décembre dernier, France Télévisions sait qu’à partir du 5 janvier 2009 sa grille de programme sera dénuée de publicité, dans un premier temps après 20 heures, et que son Président sera désormais nommé en Conseil des ministres.
Partisans et détracteurs de la réforme n’ont pas manqué de rappeler leurs arguments respectifs.
Moins de publicité : un service public soucieux des programmes et non de l’audimat pour les uns, contre une volonté implicite de favoriser les chaînes privées et de rendre dépendant le secteur vis-à-vis de l’Etat pour les autres.
Un nouveau mode de nomination : la légitimé de l’actionnaire principal et la fin d’une hypocrisie pour les premiers, contre la concrétisation de cette dépendance pour les seconds.
Les critiques fusent, mais n’envisagent pas la réforme dans sa totalité.
Etudié dans son ensemble, le texte laisse apparaître un paradoxe dans le nouveau mode de fonctionnement du groupe France Télévisions.
Dans un modèle concurrentiel, la nomination du Président de l’entreprise se fait en fonction de l’actionnariat. Notre audiovisuel est soumis aux règles mercantiles, et l’Etat est actionnaire exclusif de France Télévisions. La décision semble a priori légitime.
Pourtant, en supprimant la publicité, la réforme ôte à France Télévisions sa seule source de revenus propres. On retire ainsi au groupe audiovisuel l’un des attributs intrinsèque au fonctionnement du marché.
Les défenseurs de la réforme ne manquent pas de faire également référence au mode de nomination similaire de la SNCF. Cette analogie n’est pourtant pas pertinente puisqu’on raisonne alors dans un univers monopolistique. Plus pour longtemps…
La réforme de l’audiovisuel public entérine ainsi un paradoxe important. On s’appuie sur le facteur concurrentiel pour légitimer la nomination du Président par le Chef de l’Etat, tout en supprimant les ressources nécessaires à toute entreprise évoluant sur un tel marché.
Sources :
liberation.fr
tetaucarre.com
telerama.fr
Charlotte PELOUSE