2008 : L’AMORCE D’UN MODELE DE TELEVISION AMERICAINE EN CRISE SE REMETTANT EN QUESTION

La crise financière de la fin de l’année 2008, bien qu’ultra médiatisée, semble encore relativement abstraite dans le quotidien de beaucoup de Français. Pour autant, outre-Atlantique, la crise est présente partout et pour tous, et il est devenu un réel enjeu pour chaque foyer d’y faire face. Nombreux licenciements, perte de capitaux, crise du logement et de l’industrie automobile… Tous les secteurs semblent touchés.

Le milieu audiovisuel n’est pas épargné. En 2008, les recettes ont baissé de 7%, atteignant un total préoccupant de 20,1 milliards de dollars (niveau le plus bas depuis sept ans). Pire encore, on attend une baisse de 8,5% en 2009, conséquence directe des effets de la crise. Malgré l’optimisme du BIA Advisory services (cabinet de conseil éminent aux Etats-Unis) qui annonçait en début d’année une augmentation de 3% des recettes publicitaires due notamment à la publicité générée lors de l’élection présidentielle, il y a tout lieu de revoir à la baisse ces espérances.

Fidèles à la valeur traditionnelle américaine d’adaptation, les grands annonceurs nationaux ont tout de suite cessé de trop investir en télévision, devenue trop chère, pour se concentrer sur les nouveaux médias numériques.

Les chaînes de télévision ont donc dû se concerter pour prendre des dispositions visant à réduire les coûts, dans le but de défendre leur part de marché. Exemple parlant, l’émission populaire de Jay Leno sur NBC « Saturday Night Live » a été transférée de 23h35 à 22h, heure du « prime time » américain. Cette promotion s’explique par le fait que cette émission revient environ à 1 million de dollars l’heure, alors que la diffusion d’une série quelconque coûte 5 fois plus.

Les fictions américaines ont connu en 2008 un grand malaise, suite à la grève des scénaristes, qui a duré plus de trois mois. Ce domaine est désormais lui aussi en crise. Une crise qualitative et structurelle. Tout d’abord, beaucoup de nouveaux concepts ont du mal à trouver leur public (par exemple, « Rome »). Ensuite, les séries ayant en premier lieu eut un grand succès paraissent s’essouffler (« Prison Break », « Desperate Housewives »,… ). De surcroît, le mouvement social de l’hiver dernier a fait reculer les emplois du temps, nécessitant que les scénaristes travaillent en urgence pour terminer les scénarios en retard des séries, les empêchant donc de se concentrer sur de nouveaux concepts plus vendeurs, comme le veut d’habitude la tradition américaine.

Le Syndicat des acteurs de Hollywood (« Screen Actor’s Guild ») voulait engager une grève en fin d’année, notamment pour demander une revalorisation des rémunérations des acteurs sur les nouveaux supports numériques. 130 grands acteurs (G. Clooney, C. Diaz, T. Hanks…) ont expressément demandé à celui-ci de ne pas entamer un tel mouvement, considérant que la crise avait déjà de suffisantes répercutions négatives, pour ajouter un surplus dans la morosité économique ambiante.

On remarque donc que ce domaine est touché de plein fouet par la crise financière, mais aussi par une crise interne qui a déjà conduit les plus grands réseaux à se remettre en question, pour mieux rebondir. Le rêve américain, si bien véhiculé par la télévision, va-t-il, tel un phénix, renaître de ses cendres?

SOURCES :

Le Figaro, article du 24 Décembre 2008
L’express, article du 28 Août 2008
Lepoint.fr

Stara BAKER