LA SUPPRESSION DE LA PUBLICITE SUR LES CHAINES PUBLIQUES : UNE LEGITIMITE LIMITEE

Lors d’une conférence de Presse du 8 Janvier 2008, notre président Nicolas SARKOZY annonce la suppression de la publicité sur les chaines publiques. Un an plus tard cette mesure est appliquée.

La suppression partielle est établie, aucune publicité a partir de 20h.

Cette décision est motivée par le fait que les chaînes publiques sont des services publics, qui du fait de leur nature juridique doivent proposer des programmes culturels de bonne qualité.
Une mesure qui semble louable mais qui cependant soulève des problèmes à venir.

La publicité représente une part importante du financement de ces chaînes. Comment garantir que la grille de programmes sera de meilleure qualité tout en supprimant une part considérable de leurs revenus ?

Il est prévu à cet effet, l’instauration d’une double taxe touchant d’une part les opérateurs télécoms et d’autres part les recettes publicitaires des chaînes privées. Cette double taxe ainsi que la redevance audiovisuelle qui sera soumise à l’indexation sur l’inflation permettraient apparemment de combler le manque à gagner des chaînes au vu de la suppression de la publicité.

Il est dit que la redevance ne sera pas augmentée et que les usagers ne ressentiront pas la suppression de la publicité, seulement on peut relever une pointe d’hypocrisie parce que les nouvelles taxes instaurées seront soumises au même régime fiscal que celui de la TVA, de ce fait les opérateurs pourront directement répercuter aux consommateurs le fruit de cette suppression en augmentant le tarif des services proposés.

Dans un paysage économique instable, en période de crise il n’y a que la France pour instaurer de nouvelles taxes.

De plus il est fort inquiétant que les chiffres définissant le manque à gagner diffèrent selon les sources, la plupart des politiciens en faveur de cette mesure, notamment Christine ALBANEL (ministre de la culture), annonce que les recettes publicitaires à combler sont de 830 millions d’euros et 1,2 milliard d’euros si on tient compte des nouveaux programmes.

En revanche, les bilans publiés sur le site du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel énoncent que les recettes publicitaires de France 2 en 2006 s’élèvent à 1,128 millions d’euros. Si à cela on ajoute le coût pour la réalisation d’une nouvelle grille de programme ce chiffre augmente. En effet, les espaces publicitaires représentaient un quota de 518 heures 55 minutes et cet espace libéré va devoir être comblé par des émissions supplémentaires qui engendreront des frais supplémentaires.

On s’aperçoit que le financement paraît insuffisant pour la survie des chaînes publiques à l’application de cette mesure. Certains parlent de « la mort de France Télévisions», d’autres sont suffisamment confiant pour estimer qu’il n’y aura aucune incidence sur la pérennité du service public audiovisuel.

La légitimité de cette mesure se tiendrait également dans le fait que la publicité serait un frein à la course à l’audimat qui tend à amoindrir la recherche de programmes sérieux et culturels.

« La télévision est enfin libérée des contraintes de l’audimat » (Françoise Benhamou, professeur d’économie à Paris XIII).

Afin d’augmenter les prix des espaces publicitaires les chaînes tentent de faire le plus d’audimat et la plupart du temps, il est vrai que les programmes qualifiés de divertissement peuvent prêter à discussion sur leur qualité mais surtout leur intérêt. (Prenons par exemple le phénomène de la téléréalité, lors de leur diffusion le prix des espaces publicitaires augmente considérablement). Cette politique est née de la pratique des éditeurs de services et des chaînes, il faut rendre le programme plus attrayant pour avoir le plus d’audience.

Cette course à l’audimat, certes influencée par la publicité, est néanmoins la raison de vivre des chaînes de télévision qui sont présentes sur un marché concurrentiel, le but reste le même : la recherche du profit. Cette politique peut paraitre inconcevable pour un service public, on supprime la publicité mais on accepte le parrainage. Dans ce cas, la question de l’indépendance des chaînes publiques est-elle toujours légitime ?

On parle d’améliorer les émissions de France télévisions qui restent cependant les mêmes.
L’audimat reste toutefois constitué de téléspectateurs, le public. Comment satisfaire ce public tout en réfutant la course à l’audimat ?

Angéla LAMORE

SOURCES :

www.csa.fr
www.lci.fr
www.latribune.fr
www.lesechos.fr
Tome 2, Lamy droit des médias et de la communication.