Métrobus, régie publicitaire de la RATP, a récemment donné lieu à deux polémiques successives.
En effet, tout a commencé par la censure appliquée à l’affiche de l’exposition consacrée à Jaques Tati à la Cinémathèque française. Ainsi, sur la publicité de cette exposition on y observe la célèbre pipe de Monsieur Hulot (héros éponyme du film de Jacques Tati), remplacée par un moulin à vent pour enfant.
Ceci afin bien sûr de respecter la loi Evin qui interdit toute publicité, directe ou indirecte, pour la cigarette depuis 1991.
La polémique n’a pas désenflé, lorsque la même régie publicitaire a exigé un changement d’affiche pour la promotion du film «Coco avant Chanel», d’Anne Fontaine destiné au métro parisien. En cause, la fameuse cigarette avec laquelle apparaît l’actrice à l‘affiche, représentant la créatrice dans son lit en pyjama.
« La cigarette de Coco Chanel a été refusée par Métrobus, la régie publicitaire de la RATP alors que pour tous les autres afficheurs, elle ne posait aucun problème» a déclaré à l’AFP Olivier Snanoudj, directeur général adjoint de Warner France.
Du coup, le débat sur l’application bête et méchante de la loi Evin a ressurgi.
Mais, même l’instigateur de cette loi lui-même et la ministre de la Santé se sont élevés contre ces excès de zèle. Claude Evin a jugé cette précaution « ridicule », dans la mesure où il ne s’agit en l’occurrence pas de «publicité indirecte».
Néanmoins, ce n’est pas la première fois qu’un tel cas de figure se présente.
En 1996, un timbre représentant l’écrivain André Malraux et sa cigarette avaient été retouchés par la Poste. De même, en 2005, rappelle Le Parisien, c’est au philosophe Jean-Paul Sartre qu’avait été enlevé un mégot, lors d’une exposition à la Bibliothèque nationale de France.
C’est pourquoi, devant l’ampleur que prenait la polémique, alimentée par L’Observatoire de la liberté d’expression, organisant une pétition pour défendre la liberté d’expression, l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) a finalement mis fin au débat. Notamment, en annonçant de nouvelles dispositions, consécutives aux déclarations du ministère de la Santé, de l’Alliance contre le tabac et de Claude Evin lui-même, en faveur du maintien de l’attribut du fumeur.
Après avoir saisi le Conseil d’Ethique publicitaire, l’ARPP indique que désormais, la présence de produits de consommation du tabac est autorisée quand ceux-ci sont indissociables de l’image de personnalités disparues. A présent, la représentation de ces produits (pipe, cigarette, cigare) ne sera plus déconseillée par l’association en consultation préalable, si trois critères sont réunis. D’abord, les campagnes doivent émaner d’annonceurs qui n’ont aucun lien avec l’industrie du tabac et avoir une finalité culturelle et artistique. Puis, les personnes représentées dans les publicités avec les produits de consommation du tabac, doivent être disparues ou figurer dans des œuvres d’art partie intégrante d’une promotion publicitaire pour une manifestation artistique. Enfin, ils doivent être inséparables de l’image et de la personnalité de la personne disparue qui y figure.
Sources :
http://www.ldh-france.org
www.lexpress.fr
www.lci.fr
Valérie ZUBOVIC