Les éditeurs de livres pensaient être en sécurité, cachés derrière le support papier de leurs oeuvres. Malheureusement, l’ère du numérique est arrivé même pour les livres et avec elle, l’exposition au pirates informatiques. Le livre est de plus en plus sujet à des copies illégales proposées gratuitement sur internet et possède désormais officiellement sa place sur les sites de téléchargements illégaux aux cotés des films, musiques et logiciels contrefaits, téléchargés par des millions d’internautes.
Un exemple marquant : Le 15 septembre 2009, le nouveau roman de Dan Brown, The Lost Symbol, est mis en vente sur Internet par les grandes librairies en ligne américaines, sous forme de fichier numérique à télécharger pour 9,99 dollars. Chaque fichier est protégé par des DRM (digital rights management), logiciels qui en théorie empêchent toute copie illicite. Un quart d’heure plus tard, les réseaux sociaux Twitter et Facebook sont saturés de messages déclarant que le livre numérique a été craqué et peut être trouvé en téléchargement gratuit sur les réseaux de partage de fichiers. Deux jours plus tard, des experts en sécurité calculent près de 40 000 téléchargements illégaux du titre.

Le livre a longtemps été épargné par ce phénomène, la fabrication d’un livre pirate étant longue et fastidieuse (retapage intégral de l’ouvrage ; scannage feuille par feuille). La situation est en train de changer radicalement. Les militants artisanaux sont remplacés par des hackers informatique, communauté nombreuse, créative, abondante et organisée à l’échelle mondiale. Des sites comme Amazon, Barnes & Noble proposent en téléchargement payant des centaines de milliers de titres. Les DRM sont devenus la nouvelle cible des hackers.

Des 2001, le « brillant » système de protection de texte PDF vendu par Adobe a été craqué par Dmitri Sklyarov, programmeur russe travaillant pour la société informative moscovite Elcomsoft. Invité aux états unis, il est arrêté par le FBI, incarcéré puis relâché sous la pression d’associations de défense des droits de l’homme. Fin 2007, l’association professionnelle International Digital Publicité Forum adopte un format baptisé EPUB qui s’impose comme standard international pour les éditeurs. Les hackers se mettent au travail. Février 2009, il est craqué et permet aux pirates d’avoir accès à une foule d’œuvres.
La principale difficulté issue du piratage des livres résulte du fait qu’ils sont très facilement accessible sur Internet. A coté des réseaux peer to peer, le développement de serveurs commerciaux de stockage type RapidShare, MegaUpload ou Mediafire proposent gratuitement aux internautes de stocker des fichiers pour les proposer à des amis. Portée relativement faible s’ils n’acceptaient pas que leurs répertoires soient indexés par les moteurs de recherche. Ce qui est le cas. Les adresses « privées » deviennent publiques et circulent sur les forums les messageries instantanées, les réseaux sociaux. Ces sociétés sont bien sûr tenues de supprimer le fichier illicite dès qu’elles sont averties de son existence, mais en l’absence d’un marquage informatique de l’œuvre, elle réapparaît quelques instants plus tard sur une nouvelle adresse.

Autre problème autour du livre numérique, la confusion des internautes concernant le statut juridique du livre sur Internet. INCLUDEPICTURE “http://pubs.lemonde.fr/5/TECHNO-LEMONDE/articles_techno/exclu/793788161/Middle/OasDefault/lm_lvuitton_monmonogram_rg02_t12/lvuitton_monmonogram_rg02_t13.html/34663531323237363462383264326230?&_RM_EMPTY_” \* MERGEFORMATINET Un internaute souhaitant télécharger Du côté de chez Swann peut soit l’acheter sur Fnac. com (1,99 €), soit l’obtenir gratuitement sur un site associatif ou universitaire en toute légalité puisque Proust est tombé dans le domaine public. Dès lors les frontières s’estompent entre oeuvres libres d’accès et fichiers piratés. Qui, à part un professionnel, saura dire si Le Petit Prince, de Saint-Exupéry, est ou non dans le domaine public ?
Amélie Nothomb et Bernard Werber sont actuellement les auteurs les plus piratés en France. Les bds classiques et mangas sont également très prisés tout comme le grand lire de cuisine d’Alain Ducasse.
L’offre illicite est enrichie par des internautes francophones vivant à l’étranger où les concepts de droits d’auteur et copyrights sont souvent ignorés ou méprisés. Un grand forum marocain a ainsi proposé un fichier content 73 livres francais dont certains encore sous droits.

Cette nouvelle fera au moins un heureux : l’ensemble des associations déjà existantes d’auteurs cherchant à protéger leurs oeuvres contre le téléchargement illégale seront ravis de voir une nouvelle force s’ajouter à leurs effectifs.

Sources :

Le monde Vendredi 23 octobre 2009
http://www.actualitte.com/dossiers/633-piratage-livres-offre-numerique-legale.htm
http://fr.readwriteweb.com/2009/10/26/a-la-une/etude-piratage-des-livres-francais/

Pierre Xavier Chomiac de Sas