LA SURVIE DES ŒUVRES CINÉMATOGRAPHIQUES, PARTICULIÈREMENT DES FILMS FRANÇAIS, DANS NOS SALLES OBSCURES

A la question : « Généralement supérieurs à huit euros, les tarifs d’entrée dans les salles obscures vous dissuadent-ils d’aller au cinéma ? », des anonymes ont répondu par l’affirmatif.
Un certain Antoine Roussel de Marseille témoigne en disant: « Je vais au ciné 3 à 4 fois par an parce que le billet est trop cher ». Une dénommée Francesca conforte la critique « La dernière fois que je suis allée au cinéma, j’en ai eu pour 10 euros et croyez-moi, je ne suis pas prête d’y retourner » et ajoute « Je préfère un bon dvd en famille qu’une place de cinéma». Michèle parle au passé « Aller au cinéma n’est plus un petit plaisir sympathique » et se console avec ses souvenirs « Jeune fille, j’allais au moins une fois par semaine et souvent deux fois. Le prix était très abordable, guère plus que l’esquimau ». Mais, elle saisit encore des opportunités: « Maintenant je n’y vais que pour emmener mes petits enfants et c’est une fois par an. Prix dissuasif. Il vaut mieux attendre la sortie à la télé. Et même le DVD (parfois d’occasion) coûte moins cher que deux places de cinéma.». Une jeune femme salariée se languit également du temps qui n’est plus : « J’allais très souvent au ciné lorsque j’étais plus jeune et étudiante, car les prix étaient moins élevés et avec les réductions étudiantes, le cinéma était vraiment accessible pour les passionnés. Il était possible d’y aller souvent. Aujourd’hui je travaille, et paradoxalement, comme je dois payer le billet plein tarif à 8,50 euros dans ma ville, je n’y vais plus du tout. ». Il est vrai que les temps changent et Anaïs en a bien conscience. Elle aime beaucoup aller au cinéma et mesure sa « chance d’être encore étudiante et donc de pouvoir payer [sa] place entre 5€50 et 6€40 », ce qu’elle trouve déjà cher. Et, elle ne cache pas son comportement, une fois que la roue aura tourné : « Une chose est sûre, à 9 ou 10€ la place, je préfère attendre la sortie du DVD pour le louer et le regarder chez moi ! ». M.DUPONT, de son prénom Marc, obscurcit le tableau : « Le cinéma, naguère distraction très populaire, le sera hélas de moins en moins, avec de tels prix. ». L’espoir renaît avec Isabelle DEFRANCE, pour laquelle « Quand on aime, on ne compte pas… ». Toutefois, elle précise qu’elle aimerait « aller au cinéma trois ou quatre fois par semaine, mais hélas, je dois me restreindre car cela fait des sorties trop chères». Bien d’autres témoignages confirment le caractère dissuasif du prix du ticket de cinéma.

Mais, « la découverte d’un film en salles » « séduit encore un très large public ». Si les spectateurs sont généralement attirés en premier lieu par les films américains, les œuvres cinématographiques françaises conservent une position appréciable.

Des rapports officiels révèlent en effet une augmentation de la fréquentation des salles de cinéma, en France.
L’Observatoire européen de l’audiovisuel, centre unique de collecte et de diffusion de l’information sur l’industrie audiovisuelle en Europe institué en 1992, a publié une enquête réalisée sur la fréquentation des salles de cinéma au premier semestre 2009. Il annonce une augmentation de 3,8% du nombre des entrées dans les cinq principaux marchés européens que sont la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, par rapport à l’année précédente. Au vu des estimations de l’Observatoire européen de l’audiovisuel, « les résultats cumulés [de ces marchés] correspondent à environ 76 % de l’ensemble des entrées en salles dans l’Union européenne.»
Sur le territoire national, la direction des études, des statistiques et de la prospective du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), a mené une étude indiquant que la fréquentation cinématographique a atteint 17,73 millions d’entrées au mois de décembre 2008, soit 1,6 de plus qu’en décembre 2007. L’année 2009 apparaît plus généreuse. Les dernières estimations de la direction des études, des statistiques et de la prospective, montrent qu’en octobre 2009 la fréquentation cinématographique a augmenté de 7,8 % par rapport au mois d’octobre 2008. Au cours des dix premiers mois de l’année, le nombre d’entrées atteint 159,64 millions d’entrées, « soit 3,8 % de plus » que sur la même période en 2008. Avec 195,60 millions d’entrées dans les salles sur les douze derniers mois écoulés, la progression est estimée à 6,2 % « par rapport aux douze mois précédents ». A Paris, la fréquentation s’accroît sur les sept premiers mois de l’année de près de 7 % par rapport à la même période en 2008. Toutefois, il est à noter pour la même période, une baisse de 10,5 % dans les villes de moins de 20 000 habitants et de près de 12 % dans les zones rurales.

Selon M. KARMITZ, dont les propos ont été recueillis par Dominique SIMONNET en 1999, dans un article intitulé Le cinéma mondialisé n’a plus de morale, « l’industrie américaine a pris possession des images et des sons: dans le cinéma, elle détient 90% de part de marché mondial, 73% en France. (…) Cela conduit à une disparition progressive des productions nationales et des auteurs, exclus de ce système industriel».
S’agissant de la part de marché des films français, la direction des études, des statistiques et de la prospective du CNC l’a estimé à 37,6 % sur les douze derniers mois, et à 36,8 % sur les dix premiers mois de 2009, contre 47,0 % sur les dix premiers mois de 2008. A 10,2%, la diminution n’est pas négligeable. Cela est-il pour autant de mauvais augure ?
Le score des films français en 2008 est remarquable et mérite d’être valorisé. Les entrées pour ces films se comptent en million, et la fréquentation atteint plus exactement le nombre de 86,20. Dans les statistiques provisoires que la direction dresse, il est mentionné que 37 films français réalisent plus de 500 000 entrées, dont 18 qui affichent plus d’un million d’entrées, cinq à plus de deux millions d’entrées et trois à plus de trois millions d’entrée.
Néanmoins, l’emprise de l’industrie américaine demeure plus forte. En 2008, les statistiques obtenues par la direction du CNC, montrent que sept films américains réalisent plus de trois millions d’entrées, soit deux titres de plus qu’en 2007. Huit films américains atteignent deux millions d’entrées. Le nombre de films américains à plus d’un million d’entrées progresse et passe de 21 en 2007 à 25 en 2008. Il en va de même s’agissant des films à plus de 500 000 entrées, leur nombre passant de 35 films en 2007 à 47 films en 2008. De janvier à octobre 2009, la part de marché du film américain serait de 48,5 % et celle des autres films de 14,8 %.

Sources :

http://www.thewebconsulting.com/media/index.php?2009/09/15/6835-la-frequentation-des-salles-de-cinema-en-hausse-en-europe
– Centre national de cinématographie et de l’image animée, Communiqué de presse, Fréquentation en salles-octobre 2009
– Centre national de cinématographie et de l’image animée, Fréquentations des salles de cinéma, estimations de l’année 2008
– Le cinéma mondialisé n’a plus de morale de Marin KARMITZ, propos recueillis par Dominique SIMONNET, publié le 13 mai 1999, mis à jour le 16 février 2005.
Kelly CHARLETON-GUITTEAUD