DES AVATARS ENCOMBRANTS.

Les avatars sont de plus en plus présents dans le monde numérique avec le développement des jeux en ligne mais aussi de certains jeux vidéo sur console.

Dans certains jeux, la ressemblance entre ces représentations virtuelles et les personnes qu’elles représentent est encore plus frappante, elle constitue même une plus-value du jeu.
Il en est ainsi par exemple des jeux de la société américaine « Activision » qui sont basé sur l’interprétation par le joueur de morceaux de musiques connus à l’aide d’une manette en forme d’instrument factice et lors desquels il incarne un personnage, souvent un musicien connu.
Les deux dernières versions dudit jeu vidéo posent problème à certains artistes qui y ont participé ou à leurs ayant-droits.
Ainsi, la veuve du musicien Kurt Cobain et les anciens membres du groupe « Nirvana » se sont plaint de l’utilisation qui était faite de l’avatar du chanteur défunt.
En effet celui-ci est utilisable pour des morceaux d’autres artistes et dans lesquels les représentations virtuelles des autres membres ne sont pas présentes.
Ils ont tous trois fait part de leurs griefs via le site communautaire « Twitter ».

De son côté, le groupe américain « No Doubt » vient d’assigner en justice la société éditrice des jeux pour les mêmes raisons : ils avaient signé un contrat stipulant que leurs avatars devaient être utilisés pour les quelques chansons du groupe qui figurent dans le jeu.
Cependant, le joueur a la possibilité d’utiliser certains de ces personnages dans d’autres morceaux.
Au delà de l’aspect contractuel, ce qui déplait aux artistes ce sont les conditions de ces utilisation non-autorisées. Ils apparaissent dans des morceaux que le groupe dit qu’il n’aurait jamais ni écrites ni cautionnées, mais plus important encore selon eux : la chanteuse virtuelle peut être utilisée pour des chansons dont l’interprète original est un homme dont la voix n’a pas été modifiée en conséquence.

Plus qu’une question d’ordre contractuelle, ces exemples montrent que certaines personnes, notamment des artistes, souhaiteraient étendre leur droit à l’image à leur image virtuelle.
En droit français, l’atteinte au droit à l’image sur les avatars serait très difficile à avancer, il faut qu’il y ait une ressemblance suffisante entre la personne et sa représentation virtuelle. L’atteinte sera alors appréciée au cas par cas en fonction du niveau de ressemblance.
Dans le cas des jeux de la société « Activision », les personnages sont fait dans le but de représenter fidèlement la personne, d’en être une extension virtuelle exacte. On peut penser alors qu’ils peuvent avoir un certain contrôle de leur propre image. Donc le fait de pouvoir utiliser ces avatars dans des conditions qui, en plus de n’être pas contractuellement prévues sont une forme d’atteinte à l’image de l’artiste, peut apparaître comme une atteinte à la personnalité même du musicien.
Ces conditions particulières pourraient changer la donne, mais l’appréciation des juges relevant du cas d’espèce ne permettrais pas une généralisation.


Sources :

http://latimesblogs.latimes.com/music_blog/2009/11/no-doubt-sues-activision-over-band-hero.html
http://latimesblogs.latimes.com/music_blog/2009/09/courtney-love-kurt-cobain-guitar-hero-twitter.html
http://www.foruminternet.org/particuliers/fiches-pratiques/internautes/jeux-video-en-ligne/ai-je-des-droits-sur-le-personnage-que-j-incarne-dans-un-jeu-video-en-ligne-2589.html

Amandine QUENTON