FACEBOOK: LE NOUVEAU BIG BROTHER IS WATCHING YOU!

Georges Orwell s’était-il trompé ? Lui qui avait imaginé une société totalitaire contrôlant la vie privée des membres de la société par l’intermédiaire d’un écran, n’avait pas pour autant prédit l’arrivée de l’internet et encore moins l’émergence des réseaux sociaux. Et pourtant… « Un paradis de l’indiscrétion basé sur le volontariat! ».
Or parler de vie privée sur un espace public paraît presque incohérent mais pourtant bien réel dans un monde virtuel.
Aujourd’hui Facebook s’affiche en tête de liste, et est le réseau social le plus convoité du moment, tout le monde l’utilise et même les employeurs. Qui n’a jamais rêvé de créer sa propre existence ? Aujourd’hui avec l’internet c’est possible !
Toutes les images laissées sur le net aujourd’hui seront analysées demain. Le côté comptoir de bar ou cour de récréation à la cantonade est ce qui fait tout le charme de Facebook, mais ce n’est pas tout.
Ainsi, soit pour finaliser l’embauche soit pour espionner les employés, Facebook devient le troisième œil des employeurs.
Kevin Colvin aurait donc dû réfléchir à deux fois, lorsqu’il a mis sur Facebook une photo de lui déguisé en fée pour Halloween alors qu’il avait prétexté une urgence familiale pour ne pas se rendre au travail.
Bas les masques !
En arrêt maladie pour cause de migraine, une salariée suisse a été licenciée. Avec pour obligation de rester dans le noir, et donc dans l’impossibilité de travailler sur ordinateur ; l’actualisation de son profil sur Facebook via son Iphone, depuis son lit, lui a valu la perte de son emploi! Confiance rompue !

Le mensonge serait-il source de licenciement ?

Alors qu’en Espagne, traiter son patron de « fils de p… » ne constitue pas un motif de licenciement, cette expression étant devenue d’usage courant, en Grande Bretagne, le traiter de pervers sur le célèbre site de réseau social, justifie qu’une salariée soit mise à la porte. En effet une femme s’est faite renvoyée pour avoir insulté son patron, oubliant que celui-ci pouvait lire ses commentaires sur Facebook. En période d’essai, son boss l’a informée via le réseau que ce n’était pas la peine qu’elle revienne le lendemain.

De plus la gestion de la réputation online devient un enjeu stratégique pour la plupart des dirigeants d’entreprise. Près de sept dirigeants sur dix estiment que la réputation de leur entreprise est en danger (sondage réalisé par la firme de relations publiques Weber Shandwick début 2009). Ceci explique cela.
En novembre 2008, Virgin Atlantic, licencie treize agents de bord suite à des échanges sur Facebook qui « discréditent » l’entreprise. Un salarié de Michelin de Cholet a été licencié et un autre mis à pied pour avoir critiqué leurs conditions de travail.
Alors peut être que Georges Brassens était un avant-gardiste du web. Il disait lui-même qu’à plus de quatre on est une bande de cons, aujourd’hui sur le net nous sommes des millions. La mauvaise réputation… et aujourd’hui la e-réputation… un travail quotidien que celui d’être acteur de notre identité. Quand on apprend aujourd’hui qu’un sourire sur Facebook peut nous priver de notre assurance maladie, mieux vaut ne pas exposer nos photos de vacances.

Bien que chaque utilisateur dépose des contributions et des traces sur la toile, l’identité numérique se caractérise également par ce qu’on raconte de nous ou sur nous, diffusant des images de nous. Ainsi on a tout intérêt à préserver notre identité, preuve à l’appui.

En France, à la différence des blogs ou des forums, il n’y a pas encore eu de jugement définitif pour les réseaux sociaux.
L’article L228-1-1 du Code du travail prévoit un droit, pour les salariés, de s’exprimer « sur le contenu, les conditions d’exercice et l’organisation de leur travail ». Ce droit peut s’exercer en dehors de l’entreprise et donc sur un réseau social comme Facebook par exemple. Or si les propos diffusés sont de nature à créer un trouble objectif caractérisé au sein de l’entreprise, compte tenu de la nature des fonctions des salariés et de la finalité propre de l’entreprise, l’employeur peut exercer son pouvoir de sanction en toute légitimité.
S’agissant de la surveillance des salariés, il n’existe pas en France de texte spécifique, la jurisprudence fixe les règles à respecter en rappelant que l’employeur a le droit de surveiller ses salariés dans l’entreprise à la condition de ne jamais porter atteinte à leur vie personnelle.
En d’autre terme l’employeur ne peut prendre aucune sanction à l’égard d’un salarié pour une cause tirée de sa vie privée. Reste à savoir si les messages diffusés sur Facebook font partis ou non de la correspondance privée ? Bien que Facebook soit un lieu privé ouvert au public, l’accès aux informations personnelles est, en principe, restreint, d’où la notion de communauté d’intérêt. Quoiqu’il en soit, les juges se feront un honneur d’ouvrir la cérémonie.

Ralph Waldo Emerson disait « il n’y a aucune intimité qui ne peut être pénétrée. Aucun secret ne peut être gardé dans le monde civilisé. La société est un bal masqué où chacun cache sa vraie nature et la dévoile par le choix du masque ». Aujourd’hui Facebook mène la danse et fait tomber les masques. Fin des festivités la soirée déguisée s’achève ainsi.
Sources :
http://www.latribune.fr/carrieres/droit/20090224trib000347860/lemployeur-peut-licencier-un-salarie-en-sappuyant-sur-des-photos-ou-des-textes-diffuses-sur-facebook.html
http://www.francesoir.fr/amerique-du-nord/2009/11/23/facebook-assurance-maladie.html
http://pro.01net.com/editorial/501674/licenciee-pour-avoir-surfe-sur-facebook-durant-son-conge-maladie/
Oriane IBANEZ