L’ESSOR DE LA TELÉVISION DE RATTRAPAGE EN FRANCE

La télévision a toujours eu pour but d’attirer le plus de téléspectateurs possible, et depuis toujours ces derniers regardent les programmes des chaînes sur leurs téléviseurs dans le respect des grilles de programmes. Mais la magie des médias a changé la donne. A une époque où on a accès à internet sur son portable et où on téléphone par le biais d’internet, il n’y a rien d’étonnant à observer une révolution au niveau du secteur télévisuel. Ainsi nait la télévision de rattrapage, ou encore Replay-TV ou Catch-up TV, qui offre aux téléspectateurs la rediffusion d’un programme dans un laps de temps relativement court, généralement une semaine, après sa première diffusion sur la chaîne. Apparu en Thaïlande et en Amérique du Nord à la fin des années 90 via les réseaux câblés, il s’est aujourd’hui imposé en France à toutes les chaines de télévision, nationales ou non, depuis 2007.

Désormais, la télévision s’adapte aux contraintes quotidiennes des téléspectateurs et leur offre la possibilité de visionner les programmes qu’ils ont manqué ou qu’ils souhaiteraient revoir, et ce de façon de gratuite. La seule contrainte étant que l’offre a une durée de vie limitée. Sur le papier le système paraît infaillible, les téléspectateurs sortant même vainqueurs de cette innovation technologique qui relie internet et la télévision. Oui mais voilà, les chaînes françaises sont frileuses dans l’innovation, et n’ont pas toutes trouvé leur intérêt à offrir leurs programmes gratuitement sur internet. Si une chaîne comme Canal+ rend accessible près de 80% de ses programmes pour les internautes, le taux de reprise moyen en septembre 2009 est de 59%, contre 53% en mars 2009, selon une étude publiée le 8 octobre par le site www.tvarevoir.fr et le cabinet NPA Conseil. Si cela traduit une frilosité de la part des chaînes, ce baromètre montre aussi un essor important de la télévision française de rattrapage. Les chaînes prêtes à sauter le pas sont de plus en plus nombreuses, et celle qui n’aurait pas son service de vidéo à la demande (VàD) ferait désormais figure de retardataire. Le visionnage de ces vidéos de rattrapage se fait principalement sur les sites des chaines.

Mais la frilosité des chaînes ne concerne pas seulement le lancement des services VàD. En effet, ces dernières ne souhaitent pas retransmettre la totalité de leurs grilles de programmes sur ces services, et réservent une certaine catégorie d’entre eux aux internautes. Ainsi les programmes de divertissements, d’information, les magazines, constituent la principale source d’alimentation de la Catch-up TV. Le prime time fait ici figure de grand oubli de la télévision de rattrapage. Aucun film et très peu de séries sont disponibles, les éditeurs préférant exploiter ces programmes au sein de leur offre payante. On peut aussi se demander si les chaînes n’ont pas peur de l’essor de ce type de télévision, qui représente un risque de voir une grande part d’audience leur filer entre les doigts. Cependant, une alternative pour mesurer leurs audiences de VàD existe. En effet Médiamétrie a récemment lancé eStat Streaming V2, qui permettrait de fournir des résultats de référence de la mesure du streaming sur internet. Cet outil mesure précisément les consultations de Catch-up TV, de vidéos en live, extraits d’émissions et autres contenus vidéo ou audio. Cela permet aussi aux chaînes de pouvoir cibler ce qui fonctionne en termes de consommation et de valoriser leurs contenus publicitaires.

Ainsi l’on peut constater que le concept de télévision de rattrapage sur internet s’est rapidement et fortement développé depuis son apparition en France, parallèlement à l’essor de l’utilisation du streaming par les internautes, mais que de nombreuses problématiques restent à résoudre, ouvrant les portes à ce qui pourrait être, dans un avenir proche, la télévision de demain.

Sources :

http://www.comdesmedias.com
http://www.tvarevoir.fr

Romain GAMBARELLI