« AVATAR » : BLOCKBUSTER ET SOURCE DE POLEMIQUES.

Le nouveau film de James Cameron fait couler beaucoup d’encre depuis sa sortie fin décembre 2009. En effet, ce film en moins d’un mois a généré plus de 1,6 milliards de dollars de bénéfices . En France, il a déjà dépassé les 10 millions de spectateurs. Il est actuellement le deuxième film le plus rentable de l’histoire du cinéma derrière Titanic du même réalisateur(1,8 milliards de dollars) et a été récompensé à la cérémonie des Golden Globes pour meilleur film et meilleur réalisateur. Cependant, ce nouveau blockbuster fait l’objet de sévères critiques par de nombreuses personnes et organismes internationaux.

Les premières attaques ont été lancés par des ligues anti-tabacs américaines, représentées par le directeur de contrôle de recherche et de prévention sur le tabac à l’Université de San Francisco, Stanton A. Glantz, puis reléguées par leurs homologues européens, reprochant la large incitation à fumer du film. Elles ont même décerné une nouvelle récompense : le label « poumon noir » ; James Cameron devra malheureusement partager ce prix avec le film Nine de Rob Marshall et Sherlock Holmes de Guy Ritchie.
Concernant Avatar, l’agressivité des associations porte tout particulièrement sur un personnage du film joué par Sigourney Weaver qui fume continuellement dès qu’elle apparaît à l’écran et pire, dans des lieux « publics et non-fumeurs ». Il est vrai que les Etats-Unis ont une politique très stricte à l’égard de la cigarette et que ce personnage incivil est un mauvais exemple à suivre. En France, ce n’est en fait qu’un exemple en plus de la polémique déjà existante sur les affiches montrant des personnages en train de fumer (Coco avant Chanel, Gainsbourg vie héroïque, Lucky Luke, la rétrospective Jacques Tati, etc).
Il est cependant légitime de considérer ces élans des associations anti-tabac comme excessifs. James Cameron a lui même déclaré avoir volontairement présenté la personne comme détestable, grossière, alcoolique et fumeuse. Il s’oppose à la censure estimant qu’ « il ne doit pas y avoir de dogme à propos du tabac au cinéma. Les films sont faits aussi pour refléter la réalité. Si on peut montrer des gens qui mentent, tuent ou volent dans un film tout public, alors pourquoi imposer une morale quant au tabac au cinéma ? ». Une réponse digne de relancer le débat sur le rôle du cinéma et l’éthique qu’elle devrait potentiellement suivre.

Deuxième source de polémique : le scénario d’Avatar. Depuis sa sortie, de nombreuses personnes ont en effet reconnu dans le film d’autres oeuvres que James Cameron se serait contenter de plagier.
En Russie, le rapprochement se fait avec « L’Univers de Midi », écrit par les frères Arcadi et Boris Strougatski (1960). Il existe en effet un certain nombre de points communs entre les deux oeuvres : noms de la tribu, époque de l’action, lieu de l’action, type de lieu (jungle). L’auteur s’est cependant engagé à ne pas agir contre Cameron pour plagiat.
Aux Etats-Unis, Anne Thompson du magazine Variety l’accuse d’avoir plagié un roman de 1957, « Call Me Joe » de l’américain Poul Anderson. Son livre traite de Jupiter, planète à l’air vicié et inhospitalière aux hommes, qui y envoient des êtres hybrides, les “Joes”. Un livre dont le héros, privé de l’usage de ses jambes, voit ses mouvements contrôlés par les hommes.
Sur la toile, de nombreux sites ont également remarqué des similitudes avec un film d’animation de 2008, Delgo dont les producteurs ont décidé d’assigner Cameron en justice. Le journal The New York Entertainment a ainsi dressé une liste de films dont Avatar se serait inspiré. On retrouve entre autre, Star Wars 2, King Kong, Donjons et Dragons, Pocahontas, etc.
Il est intéressant de constater que les détracteurs du film ne s’accordent pas sur l’œuvre plagié par James Cameron. Quant à la grande diversité des oeuvres qu’il aurait utilisé ou auxquelles il ferait référence, il est clair que toute oeuvre audiovisuelle s’inspire nécessairement d’œuvres antérieures. Difficile de lui en tenir rigueur.

Dernier sujet de polémique, Avatar serait, selon certains, un film raciste. Cette thèse est soutenue par de nombreux sites et blogs sur Internet, même des journaux tel le Boston Globe. Ces personnes y voient un film sur “la culpabilité blanche”. Pire encore, l’histoire d’un blanc, qui s’invite chez les gens de couleur et devient leur chef, est perçu par certains comme une forme de colonialisme.
Le thème de « l’homme blanc qui se sent coupable des horreurs commises contre les gens de couleur mais qui finit par devenir l’un d’entre eux et par les sauver » est pourtant un classique hollywoodien : Danse avec les loups, le Dernier Samouraï, Dune, et plus récemment District 9 suivent la même ligne directrice.
Certains vont même encore plus loin dans l’interprétation. Des nationalistes et des néoconversateurs américains ont condamné la sauvagerie de bombardements des humains dans le film qui parait justifier rétrospectivement la violence infligée aux États-Unis lors du 11-Septembre (L’arbre sacré des Na’vis détruit par l’armée américaine comme le furent les Twin Towers). Qui osera leur dire que James Cameron vient d’acheter les droits d’un livre japonais, Le Dernier Train de Hiroshima, racontant du point de vue nippon le bombardement atomique par les Américains ?

Il est probable que ces polémiques créées autour d’Avatar n’existent qu’en raison du gigantesque succès commercial qu’il bénéficie, la plupart des accusations n’étant que peu fondées voire absurdes. Si l’on suivait la logique des ligues anti-tabacs, et l’étendait à d’autres associations, l’on pourrait voir ainsi disparaître du monde cinématographique le tabac, l’alcool, les armes, la violence, toute forme d’alimentation trop riche et susceptible de créer des problèmes de poids, etc : un nouveau challenge pour les scénaristes.
Sources :

http://www.lefigaro.fr
http://www.lepoint.fr
http://www.ecranlarge.com

Pierre Xavier CHOMIAC DE SAS