LA LIBERTE DE LA PRESSE POUR LES MEDIAS INTERNATIONAUX ET LOCAUX EN REPUBLIQUE ISLAMIQUE D'IRAN

Que ce soit en droit interne ou en droit international, le principe de liberté d’expression ou de communication est un principe fondateur du droit des médias et tout particulièrement à celui de la presse.
Mais ni sa définition, ni son interprétation n’est malheureusement la même selon les pays.

Régime théocratique, la République Islamique d’Iran fait souvent parler d’elle dans les médias notamment dans le cas du nucléaire mais aussi en ce qui concerne les droits de l’homme et plus précisément la liberté de la presse.
L’Iran est en effet l’un des dix pays les plus répressifs en matière de liberté de la presse. Depuis avril 2000 une centaine de journaux et publications ont été fermés par le régime dirigé par Mahmoud Ahmadinejad.
Il y a actuellement une dizaine de journalistes en prison et Reporters sans Frontières considère que l’Iran est la « plus grande prison du Moyen Orient pour les journalistes ».
Mais quel est précisément l’état actuel de la liberté de la presse en Iran ? La situation est-elle similaire pour la presse locale et pour la presse internationale ?
Pour la presse locale, la situation n’a cessé de se détériorer depuis la réélection le 12 juin 2009 du président Mahmoud Ahmadinejad et la vague de révolte populaire qui s’en est suivie.
Au moins cent journalistes et bloggeurs ont été arrêtés, dont une vingtaine encore en détention. Près d’une cinquantaine ont du quitter le pays afin d’échapper à la répression du régime.
Cet exode de journalistes est le plus important depuis la révolution de 1979. Le régime, qui désigne les médias comme ’moyens utilisés pour renverser l’Etat’, se débarrasse de ces témoins gênants en les emprisonnant ou en provoquant leur fuite. Photographes, cameramen, bloggeurs, reporters de journaux maintenant suspendus, tous sont accusés d’agir contre la sécurité nationale. « Les dispositifs prévus par la Convention de Genève de 1951 sont inadaptés pour répondre à la situation d’urgence. Les Etats européens doivent ouvrir leurs portes pour accueillir ces journalistes et soutenir la liberté d’expression en Iran », a déclaré Reporters sans Frontières.
En plus du drame humain, l’exode de journalistes iraniens fait planer le risque qu’une chape de plomb totale s’abatte sur le pays, information devenant synonyme de répression. De ce fait, il ne fait pas bon vivre pour les journalistes locaux qui tentent de démontrer les failles du régime ou encore dans le cas des élections de juin 2009 les possibles fraudes lors du scrutin.
L’Iran est un régime répressif pour sa population, mais aussi pour ces journalistes qui ne peuvent exercer leur profession en totale indépendance vis à vis du régime. D’après le dernier classement des pays en terme de liberté de la presse réalisé par Reporter Sans Frontières, l’Iran se classe en 172ème place soit en fin de liste des pays respectueux de la liberté de la presse.
De plus, c’est un pays appliquant la charia (loi islamique). Cela a pour conséquence une interprétation particulière face à la conception occidentale de la notion de droit de la presse. En effet, la liberté de la presse est reconnue à la condition qu’elle ne contrevienne pas à l’ordre public, au régime en place et aux préceptes édictés par la charia.
Du point de vue de la presse internationale, la situation est assez identique. En effet, le régime iranien n’apprécie guère que des journalistes étrangers viennent sur leur sol. Lors des derniers évènements post élections en juin dernier, les autorités sont allées jusqu’à bloquer les comptes rendus en ligne des journalistes et les empêcher de travailler dans les rues durant les manifestations afin de restreindre les informations qui pouvaient arriver dans les pays démocratiques.

Le 05 novembre dernier, la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a demandé aux autorités gouvernementales iraniennes de cesser la campagne d’intimidation à l’encontre des médias et de libérer ceux encore détenus dans le pays.
“Il faut mettre fin à l’intimidation à l’encontre des journalistes si l’on veut mettre en place un nouveau dialogue”, a déclaré le secrétaire général de la FIJ, Aidan White qui en parallèle dénonce la fermeture récente le bureau des journalistes iraniens membres de la FIJ qui ont étés attaqués par des hommes armés. Selon lui ces actes dégradent à nouveau la crédibilité et la réputation du régime iranien aux yeux de sa population, mais aussi de la scène internationale.

L’Iran applique donc aux journalistes internationaux, les mêmes conditions de travail qu’à ses journalistes locaux. Censure préalable et automatique, surveillance des journalistes par l’Etat, mauvais traitements, journalistes obligés de fuir le pays, arrestations illégales et emprisonnements. Voilà le triste portrait de la liberté de la presse en Iran, si l’on peut encore parler de liberté de la presse puisque la presse en elle-même est devenue quasi inexistante dans ce pays.
Néanmoins malgré un constat alarmant, subsiste un espoir d’une évolution positive de la situation depuis la réaction populaire de cet été. Les iraniens souhaitent un changement radical de leurs conditions en terme de liberté mais comme tout changement face à un pouvoir hostile cela risque de prendre du temps et de ne pouvoir se faire sans force…

Sidney TRUC