A l’heure de la 3D, l’animation classique fait son grand retour avec la Princesse et la grenouille, sorti sur nos écrans le 27 janvier. Ce retour aux méthodes qui ont fait le succès des studios Disney a été annoncée, en 2006, par le nouveau directeur de l’animation, John Lasseter, suite au rachat des studios Pixar par Disney.
Aux grandes décisions, les grandes mesures. Walt Disney Animation Studio a donc réembauché les dessinateurs licenciés lors de l’abandon de l’animation 2D. Et John Lasseter a également fait appel au duo de réalisateurs a qui l’on doit les succès comme Aladdin ou la Petite Sirène: Ron Clements et John Musker.
Avec la Princesse et la grenouille, c’est un retour au classique qui s’annonce. En effet, les studios Disney ont décidé de réaliser un conte de fée. Il s’agit du premier depuis la Belle et la Bête sorti en 1991. En outre, John Lasseter a demandé aux réalisateurs de s’inspirer de Bambi, pour la retranscription d’une nature très organique, et de la Belle et le Clochard, pour toutes les séquences situées à la Nouvelle-Orléans.
Tout en renouant avec la tradition, les studios Disney ont révolutionné à la fois le conte de fée et le dessin animé traditionnel. En effet, dans la Princesse et la Grenouille, Disney met en scène, pour la première fois, une princesse noire. Mais dès les premiers coups de crayon, une controverse naît outre-atlantique. La communauté noire estime que le nom et la profession, initialement choisis par Disney, sont de nature à évoquer l’époque de l’esclavage. L’équipe de production apporte alors des changements significatifs. Désormais, la princesse s’appelle Tiana (au lieu de Maddy). Et, de femme de chambre au service d’une famille de blancs aisés, elle devient restauratrice en herbe. De plus, pour répondre à cette polémique, John Lasseter fait appel à un coscénariste noir, Rob Edwards.
Même Anika Noni Ross, l’actrice qui prête sa voix à l’héroïne, remarque ce bouleversement dans le conte de fée. Selon elle, «il fût un temps où [sa] princesse n’aurait pas eu droit de se trouver dans la même pièce que Blanche-Neige. Alors quel progrès. Travailleuse, indépendante et ambitieuse, elle n’a rien d’une demoiselle en détresse passive»
La révolution intervient également dans la méthode de création du dessin animé. John Lasseter a ainsi imposé deux pratiques à l’équipe: les exercices de l’animatique et du visionnage quotidien par la quasi totalité de l’équipe des plans conçus la veille. Ces techniques sont des traditions provenant des studios Pixar.
La princesse et la grenouille constitue donc un mélange de tradition et de modernité.
A travers ce film, John Lasseter, qui a toujours admiré l’art de l’animation traditionnelle, a voulu le remettre au goût du jour. Afin de reprendre une place sur le marché, face à l’image de synthèse, le directeur de l’animation a pris une décision dont l’enjeu est à la fois économique et artistique: relancer l’animation manuelle. Par ailleurs, cette décision et toutes celles qui en découlent ont fait exploser le coût du film (le film a coûté 105 millions de dollars). Et son succès est loin d’être assuré.
Disney prend donc un risque. Mais, en réalité, cette décision n’est que la première étape d’une stratégie ambitieuse pensée par John Lasseter à savoir refaire des studios Disney le n°1 mondial de l’animation.
Sources :
–http://www.lefigaro.fr/cinema/2010/01/26/03002-20100126ARTFIG00420-disney-intronise-sa-premiere-princesse-noire-.php
–http://www.excessif.com/cinema/actu-cinema/dossiers/la-princesse-et-la-grenouille-entre-tradition-et-innovation-5649358-760.html
–http://www.lexpress.fr/culture/cinema/la-princesse-et-la-grenouille_844485.html
Camille VIDAL