RADIO STORY

Cinq journalistes, isolés dans un gite du Périgord, pendant cinq jours, ne disposant, comme tout accès à l’information, que des deux réseaux sociaux Facebook et Twitter: c’est le pari lancé par les radios francophones publiques.
Ce sont finalement Benjamin Muller (France info), Nour-Eddine Zidane (France Inter), Janic Tremblay (Radio canada), Anne-Paul Martin (Radio télévision Suisse) et Nicolas Willems (RTBF) qui ont mené l’expérience du 1er au 5 février.
L’objectif est de démontrer que les radios, à l’heure d’Internet, ont toujours une place centrale à jouer dans la diffusion d’une information de qualité. Cette expérience a été baptisée «Huis clos sur le Net».

Avant même que l’aventure ne commence, celle-ci a été beaucoup critiquée; considérée comme biaisé d’avance. Pour éviter que les critiques se multiplient, les règles de l’expérience ont été publiées de façon précise: les journalistes se trouvent dans un lieu unique, sans télévision, radio ou journal. Ceux qui possèdent un Smartphone devront l’échanger contre un téléphone de base. Chaque journaliste reçoit un ordinateur vierge de tout contenu. Aucune consultation de site n’est autorisé, sauf s’il s’agit de suivre un lien proposé sur Twitter et Facebook. Le journaliste s’engage à ne consulter que le post, le papier, ou la vidéo proposée et à ne pas aller sur d’autres pages du site en question.

Ces règles ont été scrupuleusement respectées par les journalistes, et chaque jour ils sont intervenus sur leur média respectif pour commenter l’actualité à la seule lueur de ce qu’ils ont lu sur les deux réseaux sociaux. Après seulement un jour d’isolement, Anne-Paul Martin écrivait sur son blog «je trouve aux journaux, aux flashs radio, et aux téléjournaux une savoureuse qualité».
Après cinq jours d’expérience, les journalistes font le bilan. Ce qui les a le plus surpris c’est la rapidité de relais qu’offre Facebook mais surtout Twitter; ils ne mesuraient pas l’ampleur du phénomène. Mais il faut se méfier de «l’emballement médiatique». Benjamin Muller se rappelle des 5000 Tweets relatifs à une explosion à Lille le 2 février. Le premier Tweet indiquait « un gros boom entendu à Lille ». Les spéculations allaient entre un incendie, un accident de voiture, voire l’armée belge qui envahit la France. Une heure plus tard, le quotidien régional Nord-Eclair a finalement révélé qu’il s’agissant juste d’un avion ayant franchi le mur du son. Selon eux, les réseaux sociaux sont des outils qui permettent d’alerter et de relayer une information extrêmement rapidement, mais une information incomplète: «les médias traditionnels nous manquent pour comprendre et pour décrypter l’actualité qui nous parvient».
Les journalistes ont également constaté que la hiérarchie des informations sur les réseaux sociaux est bien différente de celle des médias classiques. En effet Nour-Eddine Zidane indiquait que sur les réseaux sociaux, la politique est surreprésentée par rapport à l’actualité internationale ou économique. Il s’étonnait également de l’absence de rubrique faits divers et justice alors que c’est un produit d’appel sur les médias classiques les plus populaires (RTL, Le Parisien, TF1).
Pour conclure, tous s’accordent sur le fait que l’information recueillie sur les réseaux sociaux suit l’actualité, mais elle arrive brute. La difficulté réside dans le traitement d’une matière non vérifiée et non hiérarchisée.

Après cette surprenante expérience aux allures d’un «Lof Story» version radio, c’est à se demander s’il ne s’agit pas là de la naissance d’un nouveau concept: la radio-réalité.
Sources:

www.20minutes.fr
www.huisclossurlenet.radiofrance.fr
www.news.fr.msn.com
www.nouvelobs.com

Floriane SCHWICH