ON BOSSE ICI ! ON VIT ICI ! ON RESTE ICI !

Un film peut-il peser sur le débat public ? C’est le pari que font 350 cinéastes français avec le court métrage: «On bosse ici ! On vit ici ! On reste ici ! » projeté à partir du lundi 22 février sur Internet et à partir du 10 mars dans plus de 500 salles en France. Parmi ce Collectif, on peut noter de nombreuses personnalités du cinéma, réalisateurs, comédiens notamment de grands noms du 7ème Art comme Bertrand Tavernier, Robert Guédiguian, Jacques Audiard ou encore Agnès Jaoui. Et derrière eux, les 6100 sans-papiers qui ont entamé une grève depuis octobre 2009 pour que leur situation sur le territoire français soit régularisée.
Car ce court métrage/documentaire présente des hommes et des femmes sans papiers qui témoignent de leur quotidien, face à la caméra pendant trois minutes trente. Les enjeux sont en effet de taille car la situation de ces sans-papiers est critique. Si dans les faits, ils ne sont en rien différents du reste de la population(ils payent les cotisations sociales, l’assurance-chômage, la sécurité sociale, les impôts), la différence réside en droit : en cas de chômage, aucune allocation n’est donnée, aucun droit à une pension de retraite, en cas de licenciement, reconduction à la frontière. « Les même devoirs mais pas les même droits ».

A l’origine de ce projet audiovisuel, le réalisateur Laurent Cantet, Palme d’or du festival de Cannes 2008 pour son film «Entre les murs» : «J’espère que le film va pouvoir peut-être dénoncer l’hypocrisie terrible de notre système actuel, qui est de renvoyer 29 000 sans-papiers dans leur pays, mais en même temps d’en régulariser suffisamment pour le système tienne quand même ». Ce court métrage suit deux projets antérieurs « Nous sans-papiers de France » (1997), et « Laissez-les grandir ici » (2007) engagés pour la même cause.

L’action du Collectif des cinéastes pour les « sans-papiers » n’est pas seulement artistique : Une pétition demandant la régularisation des travailleurs sans papiers réunissait, mardi 23 février près de 50 000 signatures. Dans le même temps, face à l’indifférence des médias et des politiques, rendant invisible cette grève qui dure déjà depuis plus de quatre mois, le Collectif espère par ce film attirer l’attention du public.

Le film sera diffusé dans 500 salles et sortira juste avant le premier tour des élections régionales. Il faudra sans doute attendre les résultats de ces élections pour déterminer l’impact de cette opération. Il est déjà certain que ce Collectif depuis le lancement du premier film “Laissez-les grandir”, a réussi à recueillir plus de 110 000 signatures dans une pétition mise en ligne et diffusée par RESF. De plus, avant même le début des campagnes politiques, des réponses se sont faites entendre. L’eurodéputé Harlem Désir (PS), le président du syndicat de médecins urgentistes Patrick Pelloux, d’artistes et de nombreux militants de partis de gauche, associatifs, syndicaux, se sont mobiliser pour tenter d’empêcher l’expulsion des sans papiers. Un début prometteur.

Source :

http://www.leparisien.fr/flash-actualite-culture/cantet-annonce-un-film-pour-donner-la-parole-aux-sans-papiers-04-02-2010-804002.php
http://www.humanite.fr/Film-sur-la-greve-des-travailleurs-sans-papiers-a-Paris
http://www.rfi.fr/contenu/20100223-on-bosse-ici-on-vit-ici-on-reste-ici
http://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/02/23/on-bosse-ici-on-vit-ici-on-reste-ici-3-30-minutes-pour-les-sans-papiers_1310180_3476.html
http://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/02/23/on-bosse-ici-on-vit-ici-on-reste-ici-3-30-minutes-pour-les-sans-papiers_1310180_3476.html

Pierre Xavier CHOMIAC DE SAS