Depuis trois mois, un pirate informatique est en croisade contre les patrons des grandes sociétés de Lettonie. Baptisé « Neo » en référence au film Matrix, il aurait déjà obtenu des données confidentielles d’environ mille établissements, et téléchargé plus de sept millions de documents financiers. Parmi ces chiffres figurent les rémunérations de l’ensemble du personnel des entreprises dont celles des dirigeants.

L’objectif de sa démarche est de dénoncer l’inefficacité des mesures prises par Riga contre la crise économique et « démasquer ceux qui ont pillé le pays ». Ses attaques ont eu pour cibles de nombreuses banques qui lui ont permis de démontrer que les dirigeants ont été épargné par la crise : ils n’ont diminué ni leur salaire ni le montant des bonus distribués, contrairement à ce qu’ils avaient promis au public. Certains même ont distribué en cachette des primes ahurissantes à leurs financiers, alors qu’elles avaient reçu des aides gouvernementales.

Selon les médias lettons, le hacker présumé, qui agit au sein d’un groupe baptisé «Fourth Awakening People’s Army»,  vit en dehors de la Lettonie, probablement au Royaume-Uni où nombre de Lettons sont partis à la recherche de travail. Il alimente son fil Twitter et les journalistes locaux en informations financières. Son action suscite une grande sympathie à l’égard du public, qui lui donne déjà le surnom très glorieux de « Robin des bois ». Une des présentatrices de la télévision étatique lettone va même jusqu’à qualifier le hacker de « héros pour certains ».

En effet, la Lettonie a sombré dans une très grave récession, avec un PIB qui a chuté de 18,4% en 2009, alors qu’elle bénéficiait encore récemment de la plus forte croissance dans l’Union européenne. Elle fait face à la pire crise économique depuis qu’elle s’est séparée de l’Union Soviétique en 1991. Le taux de chômage atteint les 23% en Lettonie (plus haut niveau de l’Union européene).  Le gouvernement de Valdis Dombrovskis a été obligé de réduire les salaires dans le secteur public et d’augmenter différentes taxes pour remplir les conditions d’un important prêt accordé à son pays dans le cadre d’un plan de sauvetage parrainé par le Fonds monétaire international (FMI). Ce prêt a permis à la Lettonie d’éviter la faillite à la fin de 2008.

Les services de l’administration fiscale ont confirmé mercredi dans un communiqué “le fait d’un incident de sécurité à la suite d’un accès de personnes tierces aux données des contribuables, mémorisées dans le Système de déclarations électronique (EDS)”. De son côté, la police et le gouvernement lettons ont lancé une enquête afin de comprendre les failles dans leur système de sécurité exploitées par Neo. Cette action ne bénéficie cependant pas de l’approbation de la population locale qui semble appuyer le pirate.

Le premier ministre Dombrovskis a déclaré que cette situation était très sérieuse et remettait en question la sécurité informatique globale en Lettonie. Il a également ajouté qu’il pourrait se servir du travail de Neo « pour prendre les mesures adéquates». La question demeure de savoir s’il parle de sécurité informatique ou l’attitude des dirigeants.

Sources:

http://benefice-net.branchez-vous.com/actubn/2010/02/pirate_hacker_lettonie_banque.html
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/02/25/en-lettonie-un-robin-des-bois-virtuel-defie-les-grandes-entreprises_1311419_651865.html
http://www.combourse.com/News/Lettonie_un_hacker_fait_la_une_des_medias__629475.html
http://cybersecurite.over-blog.com/categorie-11286931.html
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/02/17/01011-20100217FILWWW00757-le-fisc-letton-cible-d-une-cyberattaque.php

Pierre Xavier Chomiac de Sas